L'histoire :
Tom Dare, pianiste dans un groupe de blues-rock, règle avec son avocat et ami Fred Sanford les derniers détails de son divorce. Il ne montre pas trop d’affliction… après tout, c’est lui qui a trompé Karen, sa femme, et qui a mis enceinte une jeunette. Mais tous deux savent qu’on ne sort pas psychologiquement indemne de ce genre de procédure. Ce qui inquiète surtout Tom, en ce moment, c’est cette main ankylosée. Tout semble descendre d’un doigt qui a pris une texture étrange et qui le gêne de plus en plus pour jouer du piano. Ses partenaires de scène se demandent ce qui lui arrive et mettent les couacs sur le compte du divorce. Puis un matin, Tom a l’impression d’avoir la poitrine opprimée, de peser des tonnes. Il consulte Alvin Bledsoe, son autre ami, médecin généraliste, qui minimise les causes du malaise et reste perplexe devant son doigt. Il veut faire un prélèvement pour analyse, mais Tom refuse. A peine est-il rentré chez lui que cette sensation de lourdeur recommence, encore plus forte qu’auparavant. Il se pèse : 148 Kg ! Et aussitôt, il s’écroule sur le sol, comme incapable de bouger. Fred le trouve quelques heures plus tard ainsi dans son appartement, toujours lucide mais comme paralysé et incroyablement « pesant ». Il prévient Bledsoe, qui lui fait aussitôt passer un IRM. Les résultats sont ahurissants : le corps de Tom est en train de se changer en pierre !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est parfaitement explicite : Corps de pierre raconte tout simplement l’histoire d’un homme qui se transforme peu à peu en pierre, de son premier symptôme jusqu’à sa « statufication » définitive. Les causes et le retentissement sur la recherche scientifiques concernant cette maladie rare resteront toujours inconnus. Le scénariste Joe Casey fait plutôt converger son récit sur le quotidien de son héros, sa manière d’appréhender la chose avec les autres constituantes de sa vie : son divorce, son groupe de musique, ses relations compliquées avec les femmes, l’écœurement devant son statut de bête de foire et de cobaye scientifique, l’hérédité de l’affaire, l’angoisse de se savoir condamnée à devenir une statue… Et le lecteur comprend vite qu’il ne faut pas attendre plus que l’avènement inéluctable de ce curieux châtiment. Dessiné par le britannique Charlie Adlard, dessinateur de Walking dead, l’album a été publié outre atlantique en 2006 et a donc été réalisé en parallèle de cette série comics devenue fameuse. Cette célébrité est d’ailleurs sans doute à l’origine de l’adaptation française de ce Rock Bottom. A contrario de son travail sur Walking dead, particulièrement porté sur les encrages et plages de noirs appuyés, Adlard utilise ici un trait de dessin fin, détaillé et précis. Le noir et blanc est systématiquement dénué de tout « remplissage »… à l’exception du corps du héros, qui se teinte progressivement de trames grisâtres, de plus en plus mouchetées. Sans être révolutionnaire, un récit original, à découvrir…