L'histoire :
Cette année là, au moment où la planète s’intéresse à un improbable match de catch entre un colosse et un poulpe extraterrestre, 43 femmes tombent enceintes au même moment, de manière tout à fait fortuite. 7 nouveau-nés de cette extraordinaire portée, dotés d’incroyables facultés psychiques, sont adoptés par le savant milliardaire Sir Reginald Hergreeves. Mais à peine cet incroyable inventeur du télé-ascenseur, du lévitateur et du premier chimpanzé intelligent, a-t-il annoncé qu’il agit ainsi pour sauver le monde, qu’il disparaît de la circulation. Une douzaine d’années plus tard, d’innombrables corps se mettent à choir sans raison de la tour Eiffel. Heureusement, sous l’appellation de l’Umbrella Academy, 5 des enfants interviennent aussitôt, exerçant de manière spectaculaire leurs talents de super-héros. En une brève confrontation aérienne, ils neutralisent le robot-zombie de Gustave Eiffel qui, dans un geste fatal, propulse sa tour dans l’espace (eh oui, il s’agissait d’une fusée géante). 20 ans plus tard, après une dislocation familiale de grande ampleur, les 7 de l’Umbrella Academy se réunissent à nouveau, à l’occasion des obsèques de leur père adoptif. Etrangement, ces retrouvailles houleuses coïncident avec l’apparition d’une nouvelle menace venue de l’espace…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on doit résumer un premier tome pareil, le plus difficile est de savoir par où commencer ! En effet, dès la première case, on embraye sur un châssis narratif boosté au Guronsan ® : ici, il peut se passer en une page, le plus naturellement du monde, ce que d’autres scénaristes auraient développé en plusieurs tomes. L’innocent lecteur se retrouve propulsé, sans autre forme d’explication, dans des conjectures loufdingues qui semblent confiner au n’importe nawak… et néanmoins, étrangement, une magie opère ! Les membres de l’Umbrella Academy, famille recomposée et sur-compliquée de super-héros, s’avèrent attachants, quant bien même certains sont méchants, d’autres morts, et les autres… ambigües. Peu à peu, on se familiarise à leurs compétences, à leurs curieux pseudos (Space Boy, Kraken, Séance, Rumeur…), aux rebondissements déjantés et iconoclastes qu’ils doivent affronter. On pige vite que c’est ainsi et que les explications arriveront au fil de l’eau… ou pas du tout. Ce qui intéresse avant tout Gérard Way, le scénariste américain (et membre du groupe punk rock My chemical romance), c’est de surprendre le lecteur à chaque page, sans pour autant le perdre en route. Découpés comme autant d’épisodes de série B, les 7 chapitres se dévorent aussi littéralement en raison du dessin ad hoc du brésilien Gabriel Ba. On peine certes parfois à comprendre le sens du cadrage et l’exhaustivité des détails de la planche, mais c’est un peu la rançon de la surenchère scénaristique ambiante… Finalement, on ne s’étonne pas que ce comics fantastique, évoluant insolemment en dehors des sentiers battus, ait décroché le titre de meilleure nouvelle série aux Eisner Award 2008 ! Et soit réédité 11 ans plus tard...