L'histoire :
Comme bien souvent au sein des laboratoires d'Athéna Industries, la nuit est déjà tombée depuis quelques heures, mais les hommes travaillent encore. Enfin, pour Monsieur O'Meara, il est temps de vaquer à des occupations autres que la mise au point de machines savantes. Il laisse donc son ami Yaromir continuer cette noble tâche et échange avec lui quelques mots amicaux avant de s'en séparer. Conformément aux règles de sécurité qui s'appliquent à l'entreprise, il est proposé à Monsieur O'Meara d'etre raccompagné à son domicile en calèche, car les rues de Mechanika City sont dangereuses, la nuit tombée. Mais l'ingénieur préfère marcher un peu. Après tout, il réside à seulement quelques centaines de mètres et un peu de marche, agrémentée d'une bonne pipe qu'il est déjà en train de préparer, ne pourront que lui faire du bien. Cela fait des mois que lui et son équipe travaillent d’arrache-pied et il peut bien s'accorder ce plaisir simple. Hélas pour lui, il ignore qu'il ne lui reste plus que quelques minutes à vivre. En effet, quelques rues après avoir quitté le somptueux bâtiment de l'entreprise, il est interpellé par une femme. Celle-ci brandit alors une fine épée et lui assène un coup d'une telle violence, que le corps de la victime est littéralement coupé en deux !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lady Mechanika est une série qui a tout pour plaire aux fans de steampunk... et à ceux qui ont été marqués par l'écurie Top Cow, puisque Joe Benitez était à cette époque un de ses auteurs phares (Weapon Zero, The Darkness). Il a depuis pris son indépendance en créant son propre label pour développer le personnage qui donne le titre à cette série, qu'il écrit et dessine (avec l'aide de quelques collaborateurs). Le contexte est donc uchronique, avec ce parfum d'Angleterre victorienne aux fragrances métalliques propres à la présence d'aussi nombreuses qu'étranges machines. L’univers de cette Lady qui vaut presque trois milliards épouse ainsi tous les codes du genre, en alliant parfaitement le côté rétro et SF. Ce volume démarre fort, avec un meurtre dès la 4ème planche. Le mystère s'épaissit quand un second meurtre est perpétré alors qu'on enterre la première victime ! S'ensuit une enquête au déroulement assez classique mais bien soutenu par des dialogues abondants, qui ont le mérite d'être bien écrits. Hélas, la conclusion n'est pas vraiment originale, la faute à une pirouette scénaristique assez convenue. On a le sentiment, même si la chute n'est pas catastrophique, que le soufflet est retombé un peu vite alors que le petit plat était jusque là assez prometteur. Le plaisir de la lecture repose également sur les graphismes. Les décors sont très travaillés et ils contribuent largement à installer une ambiance mystérieuse, offrant une vision d'une ville à l'architecture gothique ainsi que des scènes d'intérieur qui sont l'occasion de se régaler à la vue d'un mobilier cossu, typique de la bourgeoisie british fin XIXème. Au passage, on aura aussi droit à quelques nuits au bleu sombre inquiétant. En fin de recueil, un épisode bonus est inclus. Il ne délivre aucune réelle révélation au sujet du passé derrière lequel court Lady Machanika, mais il ajoute encore un peu plus d'action à ce volume qui n'en manque pas. A lire si on aime le genre !