L'histoire :
Par une nuit de pleine lune, deux chevaux tirent une calèche au galop. Les deux hommes en charge de transporter la marchandise montrent des signes de nervosité. Le cocher, qui concentre toute son attention sur la route, est parcouru d'un frisson glacial quand les hurlements qui s'échappent derrière lui parviennent à ses oreilles. Le second homme se retourne et il est stupéfait par la situation. Il jure à voix haute avoir pourtant injecté assez d’opiacés pour assommer un bœuf ! Quelle sorte de bête transportent-ils ? Eux-mêmes l'ignorent ! Le voyage est donc particulièrement mouvementé, mais il touche à sa fin quand la calèche parvient dans la cour du Ministère de la Santé. D'aucun l’appellent le Ministère de Satan, car le Diacre qui y officie, Gridendlethorn, se livre à toutes sortes d'expériences pour « réhabiliter » ses sujets. Il est de ces praticiens d'avant-garde qui prennent en charge les rebus de la société. Là, c'est une créature très étrange qu'on vient lui livrer : un enfant dont les membres supérieurs et inférieurs ont été remplacés par des prothèses mécaniques !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si un personnage est mystérieux, cela veut forcément dire qu'on n'en connait pas beaucoup sur ses origines, sur son background. Le héros mystérieux est ainsi devenu un leitmotiv du comics de super-héros. Avec Lady Mechanika, le contexte de SF est steampunk et uchronique, mais Joe Benitez pioche également, voire même naturellement, dans le super-héroïque avec sa Lady qui vaudrait bien elle aussi 3 milliards. Depuis les débuts de la série, c'est à dire 2010, Joe Benitez imprime un style gothique qui est la patte graphique de la série, mais il a également fait de son anti-héroïne une sorte de cobaye. Et là où c'est malin, c'est qu'elle court derrière sa propre histoire. C'est avec ce volume 8 qu'on va revenir aux sources même de la série, aux sources même du personnage ! Le procédé surprend, car on s'était préparé à connaître quelques miettes, disséminées par-ci par-là aux détours d'une aventure... mais non. Voici la Lady décliner ses souvenirs d'enfance au moyen de larges flashbacks. Et autant vous le dire tout de suite, l'américain a clairement versé dans le hardcore, tant il donne à son récit un air d'épouvante, allant jusqu'à utiliser quelques scènes gore. On imaginait une Lady Mechanika aux sombres origines, on est servi ! Joe Benitez propose donc un petit tour chez les freaks sortis de son imagination, avec comme décor un asile particulièrement lugubre et son savant fou. L'auteur s'en donne donc à cœur joie et on ne va pas s'en plaindre, tant son dessin regorge de détails. Quant à ses planches, elles sont plus ciselées que découpées ! Allez donc vous payer une tranche de ce bon comics.