L'histoire :
Tiraillé entre son amour pour Karen Page et son amitié pour son associé Foggy Nelson, Matt Murdock décide de s’éloigner de New York et de s’offrir une croisière. Croyant laisser ses ennuis derrière lui, notre héros ne se doute pas que cela le conduira jusqu'à la mystérieuse Terre Sauvage. Là-bas, il y rencontre Ka-Zar. avec qui il combat Maa-Gor le dernier des hommes-singes et le Pillard. Une fois parvenu à quitter l'endroit, l’homme sans peur retrouve New York, ses gratte-ciels et ses vilains comme le Bœuf. Daredevil y croise aussi un autre super-héros, en la personne de Spider-Man. Toutefois la rencontre débute fort mal puisque les deux protecteurs de New-York s’affrontent à cause d’une machination fomentée par celui qui deviendra un adversaire régulier de Daredevil : le Maraudeur Masqué. De son côté, Foggy Nelson se fait passer pour le protecteur de Hell’s Kitchen et se confronte au Gladiateur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le personnage de Daredevil a été popularisé par Franck Miller dans les années 80 mais aussi depuis le début 2015 par la série éponyme sortie sur Netflix, il n’en reste pas moins que ses racines se trouvent dans ces épisodes datant des années 1960. Évidemment, le langage et le dessin peuvent paraître désuets pour un jeune lecteur découvrant les comics. Pourtant, les bases du personnage et de son environnement sont posées dans ce volume. Si l’intégrale précédente de 1964-65 présentait le héros et ses origines, il est ici confronté à des ennemis plus consistants et un peu plus complexes, l’action est davantage présente et l’ensemble présente peu de temps morts. Daredevil s’inscrit désormais pleinement dans l’univers Marvel puisqu’il croise d’autres personnages emblématiques notamment Spider-Man et Ka-Zar, déjà apparu aux côté des X-Men. Si certains méchants sont encore parfois bien improbables (notamment les pirates que tête à cornes combat lors de sa croisière…), d’autres comme le Hibou gagnent en machiavélisme. Ce volume permet d’introduire de nouveaux adversaires qui seront plébiscités par les lecteurs comme le Maraudeur Masqué ou le touchant Gladiateur. La problématique des années 1960 est prégnante ici puisque Daredevil combat aussi les organisations criminelles classiques qui tirent leurs revenus de toutes sortes de trafics. Les personnages secondaires ne sont pas laissés de côté, un épisode mettant même en scène un Foggy Nelson déguisé en Daredevil pour séduire la belle Karen Page. Si les peines de cœur de Matt Murdock et les roucoulades de Karen semblent là encore un peu sages pour un lecteur du début du XXIe siècle, ces passages permettent de montrer une facette du héros chère à Stan Lee, celle de l’homme qui doute et qui souffre malgré ses capacités hors normes. Côté graphique, cette intégrale voit le départ de Jack Kirby mais aussi les débuts de John Romita senior qui partira dessiner Spider-Man au bout de huit épisodes. Ce volume voit surtout l’arrivée de Gene Colan qui restera un dessinateur emblématique de Daredevil. S’il n’a pas encore donné sa pleine mesure dans les épisodes regroupés ici, Gene Colan insuffle une souplesse et un mouvement à ce personnage qui gagne donc en épaisseur et en fluidité qui se marie particulièrement bien avec l’aspect acrobatique du héros de Hell’s Kitchen. Soulignons au passage la qualité de l’encrage, en particulier dans les derniers épisodes de ce volume. Enfin, la traduction est bonne et classique et ne cherche pas à adapter le langage des années 1960, ce qui confère un charme désuet au texte mais ne nuit pas à l’ensemble bien au contraire.