L'histoire :
Le 20 janvier 2009, jour de la première cérémonie d’investiture de Barack Obama à la Maison Blanche, une mère de famille noire-américaine fait visiter la Cannon House (Bureau du congrès) à ses deux fistons. Son objectif est de les éveiller à la lutte antiségrégationniste à laquelle se sont livrés les gens de couleurs aux USA dans les années d’après Seconde Guerre Mondiale. Par hasard, elle se retrouve dans le bureau d’un des acteurs majeurs de cette période, le député John Lewis, face à lui. Celui-ci dispose d’un peu de temps pour lui raconter son combat, à partir des dizaines de photos encadrées sur ses murs. Il commence par expliquer son enfance, dans l’Alabama de la fin des années 40, où son père avait réussi à acheter une parcelle de 44 ha de terre pour des cultures de maïs et de cacahuètes. Lui était alors responsable des poulets et il mettait beaucoup d’application à sa tâche. Il s’arrangeait notamment pour que les poules pondent mieux. Il s’attachait à elles au point de ne pas vouloir les manger lorsqu’était venue l’heure de la casserole. John était aussi très croyant et il se lançait parfois dans des prêches enflammés à l’attention de ses gallinacées ! Puis en juin 1951, pour parfaire son éveil au monde, son oncle Otis l’avait emmené en voyage, en voiture, à travers plusieurs états, jusqu’à la grande ville de Buffalo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce roman graphique en trilogie, dont parait aujourd’hui le premier volet, le député noir américain John Lewis – aidé de son assistant parlementaire Andrew Aydin – rend hommage au combat politique qu’il a mené au cours des années 50 et 60 aux USA, pour ouvrir les droits civiques égaux entre noirs et blancs. Aujourd’hui, John Lewis est le dernier survivant des « Big Six », comme on a coutume d’appeler aux USA les éminents activistes qui ont organisé, en 1963, la célèbre marche sur Washington pour l’emploi et la liberté. Le registre narratif est donc celui de l’autobiographie, soit un fil directeur passé, régulièrement ponctué de flash-forwards (afin de légitimement et symboliquement boucler sur l’investiture de Barack Obama). Les coscénaristes adoptent un rythme chronologique qui court de la fin des années 40 (son enfance) jusqu’en mai 1960, pour ce premier tome. A cette date, Lewis a déjà rejoint le pasteur Martin Luther King, dont le discours « I have a dream... » a été un moment fort du XXème siècle. Sur un découpage et un dessin semi-réaliste encré « en noir et blanc » (beau symbole !) de Nate Powell, le propos est donc didactique et limite austère, souvent récitatif… mais pas rébarbatif pour autant. Vue la grandeur de ce combat qui s’est « gagné » dans la douleur, on ne peut reprocher le parti-pris de la sobriété – il n’y en avait sûrement pas d’autre.