L'histoire :
Grant se rend chez Christopher, un vieillard qui vit un peu comme un ermite. L'ancien, que tout le monde appelle Chuck, est en train de rafistoler une partie de la charpente de sa petite bicoque, qui longe un cours d'eau. L'endroit est paradisiaque et après le travail bien fait, une partie de pêche, en solitaire, fera son bonheur. Mais chaque chose en son temps, car le patriarche laisse échapper son marteau. Un juron plus tard et son échelle descendue, le voici en face d'un visiteur, Grant. Les deux hommes se connaissent bien, et pour cause, ils sont tous deux des Mc Kay. Grant s'excuse platement du dérangement, mais il a de quoi s'excuser : un pack de bières. Et l’aïeul est certes bourru, mais c'est un brave type, toujours à l'écoute de son prochain, pourvu qu'il soit bienveillant. Grant confie alors son souci du jour : lui et son frère sont dans un sacré pétrin. Il explique à l'aîné que l'Infinivers est sur le point de s'effondrer et comment il a dû lutter pour que notre monde ne soit pas propulsé là où nul ne sait quelle est la réalité: le Nullivers !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette série de S.F., Rick Remender (Tokyo Ghost, Deadly Class, Seven to Eternity ainsi qu'une tripotée de séries Marvel), s'est attaqué à des thèmes très classiques du genre : la multiplicité des plans de réalité, la faculté de passer de l'un à l'autre et la perspective de l'Apocalypse. Si le déroulement de la série met en scène une équipe de choc, les dimensionautes, réunis autour de la famille Mc Kay, ce volume, qui contient les épisodes #31 à #34, s'articule en forme de flashback pour proposer le récit d'une grosse baston aux enjeux... universels ! Le déroulement est très classique, le manichéisme de mise mais ce qui relève l'intérêt, c'est l'ensemble des monologues, en voix-off. Qu'est-ce que la réalité ? Comment la vie se développe-t’elle jusqu'à l'extinction et comment l'homme choisit-il de donner libre cours à la pulsion de vie ou la pulsion de mort ? Au delà de l'aspect purement «divertissement populaire», Rick Remender donne la parole aux personnages, mais on sent véritablement qu'il a été guidé par une morale personnelle pour écrire son récit... à moins qu'il ne soit un bon prétexte pour l'exprimer ici. Alors certes, Black Science n'est pas un traité de philosophie, même si une scène entière est consacrée à la pensée platonicienne (!) mais c'est un peu plus qu'un récit de SF au goût prononcé de super-héros (gentiment caricaturés par ailleurs). Et si l'ensemble commence à faire un peu long et décousu, ce volume est tout sauf ennuyeux. Matteo Scaler continue à faire du bon boulot, avec ses personnages aux silhouettes anguleuses, ses effets de mouvement et des planches panoramiques, superbement mises en couleurs par Moreno Dinisio. Un volume sympa et qui bouge bien !