L'histoire :
Cet album contient les épisodes #55 à59.
Bientôt deux ans que Matty a débarqué au milieu de nulle part, sur le front de la Seconde Guerre Américaine de Sécession, dans la DMZ, en plein Manhattan. Matty a été pistonné par son père pour être le seul journaliste sur le terrain. L'opération a immédiatement viré à la catastrophe et le fils à papa stagiaire a du faire comme des millions d'autres citoyens : survivre d'heure en heure, de jour en jour. Maintenant que le point de non-retour a été atteint, avec une frappe stratégique en pleine Grosse Pomme, nous voici les témoins de scènes de la vie quotidienne d'une guerre civile... Un type qui n'avait jamais tenu une arme jusqu'à il y a quelques mois est devenu un tueur froid. La plus attentionnée des mères a fini par abandonner son bébé, devenu sourd au bruit des bombes. Un mafieux refuse obstinément de quitter son quartier, dont il ne restera rien après les bombardements, etc. Bienvenue dans la DMZ !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les lecteurs de la série sont désormais habitués à des breaks temporaires dans la continuité de la série. Assez régulièrement, des épisodes qui ressortent du hors-série, viennent interrompre la narration de la trajectoire de Matty, ce journaliste fils à papa, qui semble avoir été mangé tout cru par les enjeux d'une guerre civile séparant les States. C'est donc le même principe qui s'applique aux 4 premiers chapitres de cet opus, où l'on retrouve cependant bon nombre de personnages secondaires. Si Brian Wood (Local, Supermarket) scénarise tous les épisodes, il en confie les dessins à autant d'artistes. Et un constat s'impose : l'écriture est forte (ce n'est pas une nouveauté, c'est même une caractéristique de la série), mais les graphismes sont somptueux. L'album s'ouvre avec le récit d'un civil, devenu un tueur froid par la force des choses. Andrea Mutti met le paquet sur les décors, facilitant l'immersion en plein merdier bétonné. Ensuite, on retrouve Chinatown et son maître, le vieux et roublard Wilson, qu'on accompagne jusque dans ses derniers moments grâce aux pinceaux de Nathan Fox (Fluorescent Black et également un habitué de la série), et celui-ci est un des plus forts. Cliff Chiang, quant à lui, met en image une histoire émouvante où Amina récupère un bébé abandonné. Un peu d'humanité au beau milieu de la guerre, un thème central de la série... Puis Danijel Zezelj (Congo Bill ) illustre l'histoire d'un artiste de rue que les autorités torturent sans arriver à le détruire psychologiquement. Ce n'est qu'avec l'ultime épisode qu'on retrouve Matty, dessiné par David Lapham (Silverfish). En pleine apocalypse, il fait preuve d'une étonnante générosité. Serait-il en train de se racheter une conscience ? Avec ces différents récits, dont l'harmonie graphique repose aussi sur les couleurs de Jeromy Cox, le lecteur est une nouvelle fois pris à la gorge. On a beau être familiarisé avec ce récit sous forme de reportage sur une guerre civile contemporaine aux U.S.A., dans la DMZ, les émotions fortes sont toujours au rendez-vous !