L'histoire :
Par une nuit de 1929, dans les bois de Virginie Occidentale, trois agents du FBI cherchent une grange dans laquelle de l'alcool serait distillée. Alors qu'ils la trouvent, ils sont attaqués par une créature poilue... Lou Pirlo est une jeune frappe travaillant pour Joe Masseria, un boss mafieux de New York. Ce dernier l'a envoyé en Virginie afin qu'il rentre en contact avec Hiram Holt, un bouseux produisant un whisky comme aucun autre. Lou fait une halte dans un restaurant où il croise la fille de Holt, avant de prendre la route d'un chemin sinueux dans les collines pour se rendre chez Hiram. Alors qu'il approche de la maison de ce dernier, deux types lui demandent les raisons de sa présence. Après un léger test, Hiram se présente à Lou. Il l'invite à boire un verre et écoute la proposition émanant de Joe Masseria. Alors que les négociations n'ont pas débuté, ils sont interrompus par les deux fils d'Hiram. Un incident se serait produit sur leur lieu de production. Lou accompagne les Holt jusqu'à une vieille grange. Là-bas, trois cadavres grandement dévorés sont retrouvés. Devant un tel carnage, Lou ne se sent pas bien et est éconduit par Hiram. Repartant en direction de la ville, il est obligé de s'arrêter, un pneu ayant éclaté. À pied, Lou aperçoit un campement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsque les noms de Brian Azzarello et Eduardo Risso sont associés, les jambes de nombreux lecteurs vacillent, leur imaginaire s'active et les fantasmes se créent. Il faut dire que l'association entre le scénariste américain et le dessinateur argentin a probablement donné l'un des plus grands polars jamais sortis en comics : 100 Bullets. Si certains récits sont restés inédits en France, Spaceman en tête, leur dernière collaboration en date, Moonshine, paraît via la collection Indies d'Urban Comics. Le récit se situe en 1929, en pleine ségrégation. Un jeune torpedo qui doit faire ses preuves est envoyé par un baron du crime de New York négocier du whisky artisanale dans un bled paumé de Virginie Occidentale. Là-bas, il va croiser des sales trognes et surtout tomber dans un engrenage sanglant. Si l'on pense au départ que l'on va tomber dans un polar comme les auteurs nous ont habitués jusqu'ici, cela n'est pas le cas. Le récit lorgne plutôt vers le thriller avec une forte teneur en hémoglobine. En effet, une créature rode dans les environs et fait de nombreuses victimes. Malgré les qualités évidentes de ce premier album, notamment en terme visuel tant Eduardo Risso semble avoir atteint un nouveau palier en terme de story-telling et d'approches, c'est plutôt du côté de la narration que cela pêche. Brian Azzarello a le don pour imaginer des personnages forts en gueule ou utiliser des contextes historiques en phase avec ses idées mais son écriture est moins rodée que d'habitude. Certaines séquences s'enchaînent maladroitement et mettent un peu la cohérence du récit en péril. On ressort de ce premier album partagé entre d'un côté la joie de retrouver ce duo créatif et de l'autre une mise en bouche moins fignolée qu'espérée. La suite devrait nous rassurer...