L'histoire :
Depuis cette nuit tragique qui a laissé une malédiction gravée en lettres de sang dans sa chaire, la vie du torpédo Lou Pirlo est devenue un terrible chemin de croix. Afin de trouver un remède qui le délivrera enfin, il accompagne Délia au cœur de la bouillonnante Nouvelle-Orléans, ville qui vit au rythme du jazz et transpire la sorcellerie. Cette cité a vu grandir la jeune femme qui a cependant décidé de la quitter il y a plusieurs années, tournant le dos aux siens. Désormais elle va tenter de marchander avec ses « sœurs » la guérison son compagnon, mais lorsqu'il est question de magie, rien n'est jamais gratuit. Lou se lance donc en quête d'argent facile et rapide et pour cela, il dispose de nombreux talents. Pickpocket, jeux de dés et tables de poker enfumées, les poches de Lou se remplissent généreusement le temps d'une nuit. Après avoir plumé bon nombre de pigeons, il décide de rentrer le devoir accompli lorsqu'il croise le chemin du concierge de l'établissement. Ce dernier le félicite pour sa prestation impressionnante et lui propose un dernier verre avant de le voir s'éclipser. Hésitant, le jeune homme refuse dans un premier temps avant d'accepter cette offre alléchante. Mais derrière l'interminable sourire de ce Jean-Baptiste, se cache un être qui va conduire Lou à sa perte. Il ne le sait pas encore, mais derrière ce prénom biblique se dissimule habilement un démoniaque maître Vaudou...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le duo magique formé par Brian Azzarello et Eduardo Risso poursuit enfin les aventures tragiques de Lou Pirlo avec ce troisième opus. Après deux volumes en demi-teinte, ils plongent cette fois le lecteur dans une nouvelle ambiance qui correspond parfaitement à l'ADN de la série. La Nouvelle-Orléans était clairement le décor idéal pour installer une intrigue à la fois mafieuse et fantastique, où le sordide et la sorcellerie peut surgir à chaque coin de rue. Vapeurs d'alcool, cimetières embrumés, marécages poisseux, les auteurs ont choisi le lieu idéal pour se faire tuer, ou pire, se faire dérober son âme. Azzarello prend à nouveau un réel plaisir à torturer son anti-héros, qui, dévoré par ses démons intérieurs, cherche désespérément un salut à sa malédiction. Prédateurs en tant qu'homme mais aussi en tant que bête assoiffée de sang, il reste pourtant une marionnette aux mains de plus gros poissons que lui. Le récit est assez fluide et maîtrisé, et le scénariste rythme avec précision la descente aux enfers de son personnage. Mais cette histoire n'aurait pas sa puissance et sa saveur sans le dessin incroyable de Eduardo Risso qui n'en finit plus de nous impressionner. Chaque composition de planche est un pur bijou de narration à montrer dans toutes les écoles de bande dessinée, où chaque élément est à sa place avec des jeux d'ombrages subtiles magnifiés par un encrage incroyable. Le moindre dessin de Risso est une œuvre à part entière que l'on peut contempler pendant des heures afin de tenter d'en percer les secrets. Il est plus qu'un artiste, c'est un magicien qui fait mieux que les maîtres vaudou qui ressuscitent les morts : lui, il donne vie à ses dessins !
