L'histoire :
À Annville, dans le Texas, le révérend Jesse Custer officie à la messe tous les dimanches. Un samedi soir, passablement déprimé par les confessions sordides de ces ouailles, il se rend dans un bar. Après avoir bu, il balance les secrets de ses paroissiens. Cela n'est pas franchement très bien vu et il ne reprend connaissance que vers 6 heures du matin, 3 heures avant sa messe. Les excentricités de Jesse ont secoué les habitants de la ville qui ont répondu présent en masse à l'église. Alors que le prêtre s'apprête à entamer un discours, une boule d'énergie explose tout sur son passage et fonce sur le révérend. Des éclairs sortent alors de tout son corps : le lieu de culte est rasé et les personnes présentes vaporisées... Peu après, une femme nommée Tulip arrive à Annville en voiture. Elle fuit des hommes qui la recherchent. Elle est accompagnée d'un type au teint blafard nommé Cassidy. En s'approchant des gravats encore fumant de l'église, Tulip remarque un corps. Il s'agit de Jesse, son ex-petit ami, et il est encore en vie. Mais pourquoi est-il devenu prêtre ? Et pourquoi Cassidy n'aime-t-il pas la lumière du jour ? Et pourquoi ces hommes en veulent-ils à Tulip ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le label Vertigo a longtemps été considéré comme l'univers adulte et sérieux de DC Comics, un terrain d'expression pour les artistes ne souhaitant pas imaginer d'aventures pour des personnages mainstream comme Superman. Sortant tout juste d'un magnifique run sur Hellblazer, le scénariste Garth Ennis a alors en tête les aventures d'un révérend possédé par l'âme d'un être divin. C'est pour lui l'occasion parfaite d'imaginer une histoire totalement folle où un langage cru et des scènes faisant frissonner les croyants et les puritains seraient légion. C'est ainsi qu'en 1995 Preacher débarqua dans tous les bons comic-shops américains. Les lecteurs ont pu découvrir un récit complètement barré avec de l'humour trash, de la provocation en pagaille, une violence explicite, John Wayne, des anges et des pervers en tout genre. Avec une telle formule, il n'y a rien d'étonnant à ce que la série ait fait du bruit à sa sortie. Presque 20 ans après, Preacher n'en reste pas moins très efficace avec des personnages au lourd passé. Jesse Custer, le révérend, a un passif familial si lourd qu'il a de quoi faire démissionner toutes les assistantes sociales du monde. Cassidy est un drôle de type, un amateur de bière sympathique et accessoirement vampire. Tulip est une femme de caractère. Et puis comment ne pas parler de Tête de fion ou de Mémé... Le casting de gueules cassées et autres vilains est colossal et risque à tous les coups de vous marquer pour longtemps. Garth Ennis pose sa gouaille comme jamais et montre une inspiration sans faille au niveau de la qualité des rebondissements et des dialogues. Il est accompagné d'un Steve Dillon qui livre probablement son travail le plus anthologique de toute sa carrière. Son talent pour offrir aux lecteurs des personnages mémorables. Ajoutons aussi les excellentes couvertures de Glenn Fabry. Cette première intégrale (sur six prévues) offre près de 400 pages de plaisir coupable et l'édition, en plus de proposer les habituels bonus de fin comme les couvertures ou des esquisses, intègre aussi le courrier des lecteurs auquel Garth Ennis se faisait un plaisir de répondre. Une version prestigieuse pour un preacher qui le vaut définitivement.
