Au lendemain de notre première rencontre avec Jimmy Palmiotti, nous avons eu le plaisir de retrouver celui-ci en compagnie de sa partenaire à la ville comme au travail : Amanda Conner. Dernièrement, le couple a pris en main la destinée de la pétillante et secouée Harley Quinn et le succès est au rendez-vous ! De quoi susciter chez nous l'envie de poser une nouvelle salve de questions...
interview Comics
Amanda Conner et Jimmy Palmiotti
Une interview traduite de l'anglais par Alain Delaplace.
Bonjour !
Amanda Conner : [en français] Bonjour !
Pour commencer, comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble pour la première fois ?
Amanda Conner : On travaillait pour Marvel. À l'époque, je travaillais sur la série Gargoyles, une série de Disney qui avait été une série animée avant d'être adaptée en comic-book. Mon éditeur, Hildi [Mesnik], a demandé à Jimmy s'il voulait encrer mes couvertures.
Jimmy Palmiotti : Oui, c'est ça.
Amanda Conner : Et c'est comme ça qu'on a commencé à travailler ensemble.
Jimmy Palmiotti : Je suis allé dans les bureaux de Marvel, j'ai rencontré Amanda, on m'a tendu ses couvertures et j'ai dit « Pas de problème, je peux les encrer ». Je me suis aussi dit « Eh, elle est plutôt mignonne ».
Amanda Conner : [rires]
Jimmy Palmiotti : Elle devait être une des quatre femmes à travailler alors dans l'industrie, donc... Mais voilà, on a appris à se connaître et on a été amis pendant des très nombreuses années avant de commencer à sortir ensemble. On a commencé par être amis puis la romance est venue plus tard.
Amanda Conner : Oui.
Jimmy Palmiotti : Elle m'a alors dragué.
Amanda Conner : C'est vrai. [les deux rient]
Si vous aviez le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'une personne célèbre pour comprendre son génie ou pour voir simplement comment son esprit fonctionne, qui iriez-vous visiter ?
Amanda Conner : [désignant Jimmy] : Ce mec, là. [rires]
Jimmy Palmiotti : Quoi ? Comment ça ?
Amanda Conner : Il veut savoir de quelle personne j'aimerais visiter le crâne...
Jimmy Palmiotti : Oh, donc ce serait moi ?
Amanda Conner : Oui.
Jimmy Palmiotti : Bon sang, ce serait moche...
Amanda Conner : Moi je pense que ce serait marrant d'entrer dans ta tête. [rires]
Jimmy Palmiotti : Je connais déjà ta manière de penser. Quant à moi, je ne sais pas... J'aimerais bien savoir à quoi pouvait bien penser Hitler.
Amanda Conner : Je ne pense pas que ça m’intéressait. Je trouve ça plutôt sinistre.
Jimmy Palmiotti : Moi, je rentrerais là-dedans et j'y mettrai le souk. Je re-câblerais tout ça. En fait, je crois que n'importe quel artiste serait un bon choix. Le fait est que je ne dessine pas aussi bien que d'autres.
Amanda Conner : Ooooh...
Jimmy Palmiotti : Alors, je ne sais pas, peut-être le crâne de Frank Miller ou encore...
Amanda Conner : Léonard de Vinci, mon petit.
Jimmy Palmiotti : De Vinci était très bon.
Amanda Conner : ça ce serait génial d'entrer dans sa tête. [Jimmy dit quelque chose qui fait rire Amanda.]
Jimmy Palmiotti : Mais De Vinci était très bon, lui aussi. Van Gogh, ce serait super.
Amanda Conner : Mais, Van Gogh avait l'air plutôt torturé.
Jimmy Palmiotti : Oui. Mais c'est une bonne question. Peut-être que dans une heure, je vais me dire « Et pourquoi pas Madonna ? », enfin, bon.
Ces dernières années vous avez travaillé ensemble chez DC sur des titres plutôt fun comme Power Girl. Comment avez-vous réussi à trouver la bonne formule pour ce type de séries ?
Amanda Conner : Je pense que cela commence par céer des personnages qui paraissent réalistes. Dans la vie, les gens ont plusieurs personnalités, plusieurs traits les caractérisant... On aime injecter cela dans nos personnages : les rendre réalistes et leur donner à chacun leur propre personnalité.
Jimmy Palmiotti : Oui, certains personnages peuvent être fun et légers et alors qu'il peut y avoir quantité de titres plutôt sombres, c'est vrai que ça se démarque. On essaie de faire ça avec tous nos titres. On s'amuse beaucoup en travaillant ensemble et cela se reflète dans nos séries. Si on se disputait et qu'on était tout le temps amers l'un envers l'autre, les séries seraient certainement plus sombres mais ce n'est pas le cas.
Harley Quinn est un personnage plutôt délirant, c'est le moins que l'on puisse dire : est-ce que DC vous a imposé des limites ?
Amanda Conner : Ce qui est génial, avec Harley, c'est qu'on peut fait à peu près n'importe quoi avec elle. Il n'y a pas vraiment de limites, avec ce personnage. Il y a certaines choses que je ne l'imagine pas faire, mais pas un grand nombre.
Jimmy Palmiotti : On se fait quand même censurer.
Amanda Conner : On se fait pas mal censurer, oui.
Jimmy Palmiotti : Souvent, on va trop loin et DC nous dit alors « Vous savez, il y a des choses que l'on ne peut pas mettre là-dedans » ou bien « On ne peut pas faire ça ». On fait aussi beaucoup de références à la culture pop et, dans ces cas-là, il convient d'être prudent car on n'a pas forcément les droits. Enfin bon, notre job est justement d'aller trop loin tandis que le leur est de nous dire que nous sommes allés trop loin.
Amanda Conner : C'est ça.
Jimmy Palmiotti : On écrit donc la série comme on l'entend et DC nous dit ensuite s'il nous faut y mettre un bémol ou retirer ceci ou cela. On sait pourquoi ils nous le demandent mais ça ne nous empêche pas de recommencer la fois d'après. Donc on continue.
Y a-t-il une série ou un personnage auquel vous souhaiteriez vous attaquer, par la suite ?
Amanda Conner : En fin de compte, j'aimerai bien écrire et dessiner le personnage de Big Barda. Ce serait vraiment fun. Puis, ensuite, mes propres personnages.
Jimmy Palmiotti : Oui, probablement nos propres personnages.
Amanda Conner : Captain Brooklyn. [rires]
Jimmy Palmiotti : Oui, elle a Captain Brooklyn.
Amanda Conner : Il m'a vue travailler dessus [rires]
Jimmy Palmiotti : Je pense en effet que dans la suite, on s'attaquera à quelque chose de nouveau. Avec Little Black Book, une série bi-mensuelle consacrée à Harley et qui sort en décembre, on a l'opportunité de mettre Harley en tandem avec n'importe quel personnage de l'univers DC et ce pendant 48 pages. Ce sera une série de one-shots qui nous permettra, je pense, de placer pas mal d'histoires que l'on a en tête. Le premier numéro met en scène Wonder Woman et c'est Amanda qui est au dessin. Je crois que ça va nous occuper un long moment.
Amanda, quel regard portes-tu sur La Pro avec Garth Ennis ?
Amanda Conner : C'est mon bébé [rires]. On travaille toujours sur cette série. Chaque fois que je vois Garth, je lui mets des coups de coude en lui disant « Allez, on se remet à La Pro !» et lui me répond « Non, non, on en a fini avec elle. Elle est morte. » mais moi j'insiste « C'est un comics ! On peut la faire revenir !». J'essaie de l'avoir à l'usure de manière à ce qu'il finisse par dire « Ok, reprenons la série ! ». Elle est...
Jimmy Palmiotti : C'est une sale catin !
Amanda Conner : C'est une sale catin. Mais une catin adorable. Mais ce qui m'a le plus surprise avec cette série est le nombre incroyable de femmes qui l'adorent. Elle adorent le personnage car elles s'y identifient. Les femmes savent ce que ça fait d'être seule et d'essayer d'élever un enfant, de tenir deux boulots à la fois et d'avoir affaire à des trous du cul, toute la journée. Quand les femmes lisent La Pro, elles se disent « Oh oui, je la comprends !». Les femmes saisissent bien ce personnage.
Merci !!!