Passionnée de mangas ou de comics lorsqu'elle était adolescente, c'est dans l'illustration que Marguerite Sauvage s'est faite une jolie renommée. Avec une style tout en subtilité, la jeune femme n'avait pas pour autant oublier la bande dessinée puisqu'elle y est revenue quelques années plus tard en réalisant au départ quelques couvertures. Très vite sollicitée pour réaliser des pages intérieures, l'artiste a vu sa popularité grimper en flèche auprès des amoureux de bande dessinée américaine. S'épanouissant aujourd'hui au sein du catalogue Valiant Comics, nous n'avons pas fini de croiser le nom de Marguerite Sauvage à l'avenir...
interview Comics
Marguerite Sauvage
Réalisée en lien avec les albums Secret Wars : Les Gardiens de la Galaxie T1, Avengers Now T5
Bonjour Marguerite Sauvage, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Marguerite Sauvage : Je suis Marguerite Sauvage. En fait quand j'étais adolescente j'étais fan de mangas et de dessins animés japonais.Je lisais aussi beaucoup de bande dessinée franco-belge et un peu de comics. Mes frères lisaient Strange. Je faisais aussi les conventions du type Japanim' mais à l'époque il n'y avait pas de mangas traduits. On était des précurseurs et on faisait nos fanzines de bande dessinée. Je dessinais la nuit entière. J'étais ado donc c'était plus facile. Je n'ai pas brûlé ce que je faisais à l'époque mais bon (rires). J'ai fait un bac scientifique, j'ai fait du Droit, j'ai fait un DESS en infocom et j'ai eu la chance pendant cette dernière année de rencontrer deux personnes que je peux considérer comme mes mentors. Il y avait l'illustratrice Colonel Moutarde et un directeur artistique qui s'appelait Dominique Bonnant et qui était mon beau-père à l'époque. Ils ont vu ce que je faisais. Quand j'ai débuté la BD, je suis rapidement venu aux arts graphiques, aux arts tout courts d'ailleurs. Je découpais des illustrations dans les magazines et j'essayais d'en faire. Ils m'ont dit d'essayer de le faire. Je n'ai pas fait d'école d'art. Je n'ai pas réfléchi à l'argent que j'avais pour payer mon loyer, j'ai monté un book et j'ai démarché comme une folle malgré ma timidité maladive. Sur 15 rendez-vous, j'ai fini par en avoir un, trouvé du boulot puis un agent. Je ne suis pas très matérialiste donc je n'ai jamais eu besoin de grand chose donc j'ai pu me lancer. Ensuite, je suis toujours resté free-lance. Après j'ai un peu bossé dans l'animation, le concept-design et puis le comics depuis deux ans.
Comment es-tu revenu à la bande dessinée et plus particulièrement aux comics ?
Marguerite Sauvage : Les artistes sont des personnes qui doutent et qui sont des écorchés vifs. Je ne me voyais pas faire du séquentiel avec mon style d'illustration qui était assez détaillé et léché, c'est trop gros pour moi, je n'y arriverai jamais. Je me suis dit que si je faisais du comics, je ferai des covers. Après avoir fait les covers pour Hinterkind, on m'a demandé de faire les 10 pages pour Sensation Comics. Je ne pouvais pas dire non. je me suis bien stressé. J'ai bossé ensuite sur le nouveau Thor et sur 1602 Angela Witch Hunter sur un scénario de Kieron Gillen et de Marguerite Bennett. C'était génial, ils m'avaient demandé d'illustrer un personnage inspiré de Blackadder [NDR : série britannique connue en France sous le nom de La Vipère Noire, avec pour interprète principal Rowan Atkinson]. J'étais super fan quand j'étais ado donc c'était génial. Après, il y a eu Bombshells et je suis arrivée chez Valiant. J'ai commencé à faire des covers, puis ils m"ont demandé de faire quelques pages puis ils m'ont proposé de faire Faith sur quelques pages au départ, puis là je continue.
L'univers de Valiant Comics n'est pas encore très connu en France malheureusement...
Marguerite Sauvage : Mais grâce à Bliss Comics, cela va changer ! Effectivement, je connaissais très peu. L'idée que j'en avais est que Valiant avait un univers éloigné de mon style. Ils ont énormément renouvelé leurs styles et quand je vois certaines covers, il y a même du graphisme très épuré, très osé. Avec des titres comme Faith, ils essaient des trucs et ça marche parce que c'est pertinent. C'est une maison à suivre !
Valiant Comics te propose déjà d'autres projets ?
Marguerite Sauvage : Oui, beaucoup. Ils sont géniaux et bosser avec eux est très cool. J'ai reçu un pitch hier et je continue sur Faith bien sûr. Tant qu'ils veuillent bien de moi (rires).
Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre son génie, qui irais-tu visiter ?
Marguerite Sauvage : Ce serait René Gruau parce que j'aimerais avoir son art de l'épure et de l'élégance. C'est un but d'arriver à ça, même si dans le séquentiel ce n'est pas évident. Je pourrais aussi dire dire Bobby Whitmore, Al Parker, des illustrateurs américains. Mœbius évidemment. En plus, chez lui on voit un peu ce qu'il avait dans son cerveau à travers ses illustrations, c'est ça qui est bien. Ou alors Terry Gilliam ou David Cronenberg.
Tous ont des univers très marqués. Penses-tu arrivée à mettre en place ton propre univers à travers des titres très différents ?
Marguerite Sauvage : J'espère. Les gens me disent que j'y arrive. On n'a pas toujours de recul sur ce que l'on fait. C'est un challenge à chaque fois. On n'est pas là pour appliquer une simple commande, il faut donner de soit dedans. Là, je fais pour Vertigo un épisode de Unfollow et je le traite d'une manière très graphique. Je me disais que ce serait refusé. Ce n'est pas du Bill Sienkiewicz mais c'est passé quand même. Il n'y a eu aucun problème avec ces pages. Avec les comics, on peut tester plein de choses différentes.
C'est quoi d'ailleurs le style Marguerite Sauvage ?
Marguerite Sauvage : Je ne dirais pas les trucs clichés comme « féminin ». On va dire élégant. Subtile. Joyeux aussi.
Merci Marguerite !