Un vent de fraicheur souffle sur les comics, avec l'arrivée d’auteurs venant d'Europe. Outre les petits frenchies qui cartonnent (Olivier Coipel ou Roland Boschi), on compte aussi beaucoup de dessinateurs transalpins. Certains œuvrent sur des séries secondaires… mais Stefano Caselli a lui trouvé le moyen d'illustrer les aventures de son super héros favori : Spider-Man. Son style et son talent ont très vite été remarqués, au point de décrocher un contrat d'exclusivité avec Marvel ! De passage à la librairie Apo(k)lyps, nous avons pu nous entretenir durant de précieuses minutes avec un auteur intéressant, abordable et incroyablement gentil ! Retour sur une rencontre amicale et détendue...
interview Comics
Stefano Caselli
Réalisée en lien avec les albums Spider-Man (revue) – V 2, T143, Secret Warriors T1
Bonjour Stefano Caselli, peux-tu te présenter et nous dire comment tu en es venu à faire de la bande dessinée ?
Stefano Caselli : Je m'appelle Stefano Caselli et je viens de Rome. En ce moment, je dessine Spider-Man chez Marvel. Depuis que je suis gosse, je voulais être dessinateur. J'ai même créé des histoires assez stupides vers l'âge de 6 ans où je recopiais pas mal ce que je trouvais dans les magazines. A l'Université, j'ai choisi une filière scientifique, puis ensuite j'ai suivi des cours de dessin pendant 3 ans. J'ai fait pas mal de storyboard. En persistant, je suis parvenu à percer sur le marché américain.
A chaque fois que je rencontre un auteur italien, il porte une casquette (Riccardo Burchielli dernièrement). C'est à la mode ? (rires)
SC : Non, c'était moi le premier ! Les autres m'ont copié ! En italie, je partage un atelier avec Riccardo Burchielli, Giuseppe Camuncoli et Francesco Mattina. On accepte dans cet atelier seulement des auteurs qui portent des casquettes ! En fait, pas mal de personnes portent des lunettes de soleil, moi j'ai toujours préféré les casquettes. Et j'ai encore tous mes cheveux !
Quelles sont tes influences ?
SC : J'en ai énormément. Celui qui a changé ma façon de voir le métier est John Buscema, notamment sur Conan. Quand j'ai lu ses comics, j'ai été impressionné. Jusqu'ici, mon style était plus humoristique. J'ai également beaucoup d'influences venant des mangas. J'ai grandi avec des dessins animés diffusés à la télévision. J'en ai copié pas mal à l'époque.
Ton premier travail a été Hack / Slash...
SC : C'était très sympa à faire, j'avais beaucoup de liberté et j'ai fait cela très rapidement. Il est vrai que j'ai pas mal gaspillé mon temps, vu que je pouvais faire ce que je voulais. La série a été rebootée récemment chez Image et pourquoi pas y revenir. J'ai fait pas mal de couvertures et même quelques morceaux d'histoires.
Tu aurais envie d'écrire plus souvent ?
SC : Oui bien sûr. J'écris déjà pour des émissions de télé. Ecrire est mon autre passion. J'aimerais vraiment allier les deux, écrire et dessiner, sur un seul titre. Il faudra juste que j'arrive à vendre mon concept à un éditeur.
Beaucoup d'auteurs italiens travaillent sur le marché américain. Connais-tu quelques auteurs ou BD françaises ?
SC : J'en lis beaucoup et je suis un grand fan de Manu Larcenet. Pour moi, il représente l'esprit du marché français. Ses histoires sont très originales et sont très différentes de celles que l'on peut trouver ailleurs. J'adore Frederic Peeters, Jean-Pierre Gibrat, Moebius bien sûr. En ce moment, je lis des choses plus underground encore. Les français apportent un soin tout particulier à leurs bandes dessinées. Vous avez aussi de nombreux auteurs qui sont aussi bon pour l'écriture que pour le dessin. C'est impressionnant et très varié. Vous avez des auteurs influencés par les mangas, les comics... Blast est un parfait exemple de la BD française.
Lors de ton arrivée chez Marvel, tu as été propulsé sur des titres comme Avengers ou Civil War. Tu n'as pas eu trop de pression ?
SC : Je me suis contenté de dessiner et je n'y ai pas pensé. Si je n'avais pas fait fait ça, cela aurait été compliqué. J'essaie toujours de faire du mieux que je peux.
Que penses-tu de tes collaborations avec Brian Michael Bendis (sur Dark Reign) et Jonathan Hickman (sur Secret Warriors) ?
SC : C'était très sympa. Bendis est une superstar et pourtant il est pragmatique. Jonathan donne beaucoup de détails, il est très clair dans sa description de l'histoire. Il rend la tâche plus simple.
Du coup, parmi tous les super héros que tu as illustré (ou pas encore), quel est ton préféré ?
SC : Spider-Man. J'adore aussi The Punisher.
Cela doit pas mal te changer de dessiner Spider-Man, après les sombres Dark Reign ou Secret Warriors...
SC : Oh oui, je suis plus à l'aise avec un personnage marrant comme Peter Parker. Il a toujours d'énormes problèmes, mais la période que j'illustre est moins sombre qu'avant. C'est pour moi le parfait compromis !
Tu aurais envie de continuer longtemps sur Spider-Man ?
SC : Non, pas éternellement. Je souhaiterais arrêter lorsque je n'y prendrais plus de plaisir. Il y a encore pas mal de personnages que j'aimerais dessiner. Et de toute façon, je continuerais à dessiner Spider-Man pour les fans bien après.
Tu as signé un contrat d'exclusivité pour Marvel. Pas envie de dessiner du DC Comics ?
SC : En fait, une fois que ma période d'exclusivité sera terminée, je souhaiterais essayer de faire quelque chose en France. Riccardo Burchielli travaille en ce moment pour Soleil, alors pourquoi pas moi ?
Y-a-t-il une chose que tu n'arrives pas à dessiner ?
SC : Les Transformers ! (rires) Je les déteste. Iron Man est difficile aussi. Je n'aime pas les aspects technologiques de ses personnages.
Quels sont tes prochains projets ?
SC : Du Spider-Man et des concept-arts pour les jeux vidéos. Peut-être que le futur me permettra de dessiner mon propre projet. Je voudrais raconter une histoire réaliste empreinte d'une touche de fantastique.
Si tu pouvais travailler avec un scénariste de ton choix, ce serait qui ?
SC : Ed Brubaker. Je l'adore.
Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre son génie. Qui choisirrais-tu ?
SC : Stan Lee. Il a créé un univers gigantesque. Tous les autres ont écrit sur les bases qu'il a posées.
Gracie mille ! Et un grand merci à Laurent d'avoir pu rendre cette rencontre possible et à Fabiana pour son sourire !