L'histoire :
Dans la profondeur d’une forêt, un homme à tête de léopard reprend conscience au bord d’une rivière, tandis que plus loin, deux adolescents sont poursuivis par des guerriers à cheval. Rémus et Linda sont frère et sœur, les jumeaux héritiers du saint royaume de Paroh qui vient d’être envahi par les soldats du Mongaul. Le général de l’armée adverse veut en effet mettre la main sur le trésor secret de Paroh, des perles magiques, afin d’unifier par la force les 3 pays de Gohra. Dans la forêt, les enfants sont finalement rattrapés par les soldats ennemis et l’un d’eux décide de profiter de Linda avant de la tuer. C’est à ce moment que l’homme-animal arrive dans la mêlée. Cette masse de muscles impressionnante défait à lui seul tous les soldats, avant de s’écrouler inconscient aux pieds de la princesse. Il revient bientôt à lui et les jumeaux lui apportent de l’eau et de la nourriture. Avec difficulté, il arrive alors à prononcer quelques mots, dont son nom : Guin. Apparemment, il a perdu la mémoire et ne sait pas non plus d’où lui vient cette tête d’animal. La nuit tombée, tous trois allument un feu pour se protéger des monstres, mais la tempête finit par l’éteindre et le groupe est alors obligé de sortir de la forêt. La seule destination possible est la proche forteresse de Stalagos, même s’ils risquent bien d’y être faits prisonniers par l’armée ennemie des jumeaux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tirée de la série de roman éponyme qui compte plus de 120 opus (les 5 premiers ont été traduits en français chez Fleuve Noir et les éditions Milady vont reprendre la licence en 2010 d’après une interview donnée par la directrice de la collection Milday Graphics), cette série commence dans sa version manga comme un RPG console à l’ancienne, à savoir que les enchaînements et les rencontres sont pour le moment très téléphonés : les jumeaux héritiers s’enfuient dans une forêt et tombent sur le héros au bon moment (héros qui vient tout juste de reprendre conscience), le temps les oblige à se rendre dans la forteresse ennemie où règne un « monstre » local (et pas un mec lambda, ce ne serait pas marrant sinon), ils tombent en geôle avec l’archétype du guerrier astucieux mais roublard, etc. Autant dire qu’en dehors du mystère du trésor de Paroh et de l’identité de l’étrange héros à tête de léopard, le reste est donc des plus classiques et la surprise n’est donc qu’assez peu au rendez-vous lors de la lecture. Néanmoins, cette heroic fantasy classique (et dont le scénario date après tout d’une trentaine d’années) possède tout de même quelques attraits, dont justement cette vitesse à rentrer dans l’action et à ne pas s’éterniser à chaque nouveau passage. Le rythme est donc rapide (on se bat, on change de lieu, on se bat à nouveau...) mais l’intrigue de l’histoire prend savamment sa place et nous laisse un goût de reviens-y : cela a beau être très bateau, on a tout de même envie de savoir de quoi il retourne. Simple mais efficace donc. Des questions se posent néanmoins : jusqu’où ira cette adaptation et en verra-t-on jamais la fin ? Il faut dire que l’auteur des romans est décédée en 2009, après 126 tomes de cette histoire... Les graphismes sont quant à eux assez soignés : trait réaliste, peu de tramage remplacé plutôt par des hachures qui donnent un petit style gravure collant tout à fait au genre médiéval, découpage et mise en scène travaillés même s’il est vrai que les cadrages donnent plutôt dans le classique, morphologie très réaliste notamment pour les muscles du corps de Guin dont la tête de léopard au regard humanisé rend par ailleurs vraiment très bien... Les quelques pages couleurs ont par contre moins de charme, principalement à cause du choix des couleurs en elles-mêmes qui s’avère assez étrange, avec une dominante verte qui choque l’œil (contrairement aux illustrations de couvertures réalisées par Naoyuki Kato dont le travail est très intéressant). Au final, ce premier tome est moyen mais l’envie de connaître la suite est tout de même là. Rendez-vous au volume 2, donc.
