L'histoire :
Après une longue errance, Joe se remet à l’ouvrage : il a repris la boxe, les entraînements, et sa rage de vaincre semble revenir peu à peu. Pourtant, les dirigeants des autres grands clubs voient ce retour d’un mauvais œil en termes de publicité : trop violent, trop délinquant, trop fort aussi, Joe inquiète et ternit l’image de la boxe. Nouveau match, nouvel adversaire, donc. Joe affronte Tiger Ozaki, un valeureux challenger, et semble avoir le contrôle du match. Mais ses directs, ses crochets, ses uppercuts, s’ils atteignent leur cible, n’en restent pas moins très mous. Joe donne l’impression de frapper dans le vide, comme un petit garçon frappant au hasard, sans aucune logique. L’explication est simple : depuis la mort de son ami et rival Rikiishi, Joe est hanté par son fantôme. Il ne parvient plus à toucher ses adversaires au visage et ne frappe qu’au niveau du ventre. Le souvenir du coup à la tempe de Rikiishi, ayant entraîné sa mort, est trop présent. Incapable de se libérer de cette ombre pesante, Joe va finalement subir les foudres de Tiger pour s’incliner assez lourdement… La descente aux enfers continue. Tant qu’il n’aura pas chassé ses démons, Joe ne sera jamais un grand champion et restera pour toujours l’assassin de Rikiishi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’il est long le chemin vers la gloire. Dans ce tome 7, les auteurs se penchent un peu plus sur la psychologie de Joe. Asao Takamori pénètre dans la conscience de son héros pour en analyser ses recoins les plus obscurs. Joe est littéralement hanté par le fantôme de feu Rikiishi, incapable de s’en défaire et tout simplement, impuissant à le rayer de sa mémoire. Toujours aussi captivant et parfaitement huilé, le récit accompagne les errances et les interrogations du boxeur, dans ce qu’il faut bien appeler une déchéance inexorable. On l’aime ce Joe, on aimerait l’aider, mais la réponse ne peut venir que de lui. Or, il est perdu. Dans cette esthétique de la douleur, le dessin sait être vif, spontané et néanmoins précis, sans jamais en faire trop, les cadrages en cinémascope conférant souffle, dynamisme et tragédie à l’ensemble. Et les giclées de sang ou de vomis, symboles d’un Joe en pleine dérive, traduisent habilement son nouveau destin. Le suspens est parfaitement soutenu, incarné ici par Melle Yoko, qui engage un champion vénézuélien pour en faire le nouvel objectif de Joe. Enfin, en plus d’un humour joyeusement potache malgré le ton grave de certaines scènes, la galerie de personnages hauts en couleur emporte notre adhésion : Joe, le bagarreur paumé, Miss Yoko, la jolie et mystérieuse présidente de club, et surtout Carlos Rivera, le playboy vénézuélien, un brin roublard mais redoutable puncher. Dense, riche et captivant, ce tome 7 confirme l’excellence d'une série populaire et intelligente.
