L'histoire :
Fin des années 60, dans les bas-fonds sordides de Tokyo. La population de Doya vit dans le dénuement et la crasse. Joe Yabuki, un jeune voyou agressif, débarque dans ce quartier peuplé d’enfants, de vieux, d’ouvriers et de travailleurs pauvres. Joe, irascible, se querelle et se bat avec un alcoolique connu sous le nom de Danpei Tange. Animé par la haine et une force démesurée, Joe l’emporte aisément. Fasciné par la puissance contenue dans les mains de ce jeune homme, Danpei lui propose alors de lui enseigner l’art de la boxe et d’en faire un champion international, non seulement pour arrondir ses fins de mois, mais aussi par simple amour de la boxe, cet art permettant de domestiquer la force brute. Car, pour Danpei, la puissance dépourvue de maîtrise n’est que du vent. Débute alors pour Joe un chemin de croix qui le mènera vers la prison et les chambres de correction...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Glénat ont eu la bonne idée d’éditer en France cette œuvre singulière, considérée comme un classique de la littérature nippone. Il faut resituer ce premier volet dans le contexte de l’époque. En pleine période de Haute Croissance (1955-1973), les « Doya », ces quartiers pauvres de travailleurs journaliers et saisonniers, pullulent dans les banlieues tokyoïtes. Verrues des tissus urbains, ils symbolisent le rejet de la pauvreté dans un Japon en pleine occidentalisation et qui entre de plain-pied dans la société de consommation, avec ses riches, mais aussi ses laissés-pour-compte, ses marginaux et ses voyous. Dans cette société en pleine mutation, les auteurs Tetsuya Chiba et Asao Takamori nous racontent l’histoire touchante de Joe Yabuki, jeune homme abandonné très tôt par ses parents. Sans repère, marginal et pauvre, Joe n’a que sa force pour survivre dans cette jungle. Un brin manipulateur, fourbe et dilettante, il incarne les désirs révolutionnaires d’une population délaissée, oubliée et ignorée. Le malheureux destin de Joe suscite alors l’empathie malgré son agressivité et sa violence. Le lecteur partagera la rage qui habite Joe, notamment dans les nombreuses scènes de combat urbain qui rythment avec efficacité une narration parfaitement fluide. Peu à peu, le lecteur aura le sentiment de faire partie de sa famille, Joe symbolisant l’injustice sociale et la soif de revanche. Le moteur de son ascension, il le trouvera dans l’art de la boxe, en la personne de Danpei Tange, un vieux boxeur raté. Danpei est l’unique personne s’intéressant véritablement à Joe. Il sera son guide, son modèle, son père spirituel. La boxe, elle, fournira à Joe un idéal et un moyen de satisfaire ses rêves de grandeur. Alors, enfilez vos gants et préparez-vous au combat, ça va cogner ! A suivre dans le second round...