L'histoire :
Londres, année 1600. Les puritains n’hésitèrent pas à prêcher dans les rues et s’en prennent au théâtre qu’ils considèrent comme un lieu de spectacles pervers. Toutefois, cela n’empêche pas le public d’assister aux diverses représentation qui y ont lieu. Aujourd’hui, la troupe d’un certain William Shakespeare est en train de jouer Hamlet. La fluidité des textes, leur beauté et le jeu des comédiens ont un réel impact sur les spectateurs qui sont subjugués par la pièce. Le juge de paix de la ville, un homme particulièrement puritain, a envoyé la police pour mettre fin à la représentation interprétée par ce qu’il estime être des vauriens. William Shakespeare n’est pas homme à se plier aux ordres et fait valoir que sa troupe a été désignée officielle de la cour. Le juge de paix refuse de le laisser poursuivre mais, au moment où il s’apprête à intervenir sur scène, voit que la reine est dans l’assistance et apprécie le spectacle. La pièce est sauvée mais Shakespeare n’est pas tranquille pour autant, loin s’en faut, car sa vie est menacée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur de Beck, Harold Sakuishi revient dans un tout autre registre puisqu’il s’attaque cette fois-ci au célèbre William Shakespeare. L’action se déroule donc dans le Londres du début du 17ème siècle et l’histoire s’ouvre au moment où la troupe de Shakespeare joue Hamlet en public, ce qui déplaît fortement aux puritains. L’homme qu’on découvre est à la fois malicieux, un brin arrogant et méfiant, mais il ne s’agit que d’une brève introduction qui manque un peu de palpitant et qui est vite laissée de côté. En effet, plus des trois-quarts du volume sont consacrés à la vie du quartier chinois de Londres où l’on suit le destin d’une demoiselle, Li, qui prédit l’avenir mais dont la trace de brûlure au fer rouge sur la gorge est un handicap pour parler. Cette partie-là est beaucoup plus intéressante, et pas uniquement parce qu’elle prend le temps de développer son personnage principal. Certes, Li est une jeune fille qui n’a pas eu la vie facile à cause de son don qui la fait passer pour une sorcière, et elle se montre de fait attachante. Mais, en plus, on peut découvrir la vie des immigrants chinois à l’époque : entre commerce de denrées asiatiques, les anglais qui se sentent envahis, les problèmes avec les chrétiens qui font la chasse aux sorcières et les traditions chinoises, c’est tout un village et une époque qui nous sont dépeints. On est ainsi beaucoup plus immergé dans le Chinatown que par le début de la série qui précédait cette partie, et on en vient à complètement oublier Shakespeare tant l’histoire est alors intéressante et passionnante. Néanmoins, on se doute que Li va rencontrer Shakespeare, et les pistes sur ce que pourrait donner ce duo offrent des perspectives réjouissantes. Graphiquement, le trait se veut plutôt réaliste et propose des planches fournies où les décors sont nombreux et conformes à l’époque. Les tenues des personnages sont elles aussi soignées et leurs expressions dégagent beaucoup de charisme. On regrettera tout de même que certaines mâchoires sont un peu trop déformées mais, en dehors de cela, il n’y a pas grand-chose redire. Ce premier acte est donc fort efficace et on assistera bien entendu à la suite de la représentation.