L'histoire :
A cause de sa trop grande timidité, Ryô n’adresse jamais la parole aux autres et se met toujours à bafouiller lorsqu’elle veut répondre à quelqu’un. Aussi, la demoiselle n’a pas d’ami et passe tout son temps libre toute seule. En seconde année au lycée, Ryô remarque que tous ses camarades ont des téléphones portables qu’ils utilisent pour communiquer et regarder l’heure. Ryô est la seule à ne pas en avoir et à porter une montre. Toutefois, elle sait qu’un téléphone ne lui servirait pas car il faut avoir quelqu’un à joindre pour cela. Un jour, alors qu’elle étudie à la bibliothèque, elle se met à penser au téléphone qu’elle aimerait avoir : forme, couleur, sonnerie... Intérieurement, elle passe beaucoup de temps à le personnaliser. Un matin, Ryô se réveille en entendant la musique de son téléphone intérieur. Elle se dit qu’elle a dû rêver mais, en cours, la sonnerie se met à retentir et Ryô réalise qu’elle est la seule à l’entendre. Cela recommence quand elle est dans le bus et la demoiselle décide cette fois de répondre à l’appel. C’est ainsi qu’elle va se mettre à communiquer dans sa tête avec un garçon de son âge...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur de Goth et de L’âge de déraison, Otsuichi nous propose cette fois l’histoire d’une jeune fille isolée à cause de sa grande timidité et qui va se créer un téléphone portable imaginaire grâce auquel elle va pouvoir communiquer dans sa tête avec un garçon, lui aussi en proie à un manque affectif. L’aspect fantastique du récit s’intègre bien dans l’histoire qui parvient à garder un côté très crédible : les personnages sont surpris et de demandent s’ils ne sont pas fous quand ils se mettent à communiquer grâce à leur téléphone intérieur, leur façon de parler et de se confier peu à peu est intime mais pleine de pudeur, et leur vécu est on ne peut plus réaliste. De plus, les deux protagonistes nous communiquent sans peine leurs émotions et leur solitude, aussi bien grâce à leurs paroles qu’à leurs expressions, et on ne peut qu’être touché par leur détresse. On notera que le récit ne tombe pas dans le pathos ni les sentiments mielleux à souhait, ce qui lui permet de conserver un ton mélancolique et mature. En fin de volume, l’auteur nous confie qu’il a écrit cette histoire un jour de Noël où il s’est retrouvé tout seul et qu’il s’agit là d’une œuvre très personnelle : cela explique très certainement pourquoi on peut se retrouver dans cette histoire et l’intensité des émotions. Du côté des graphismes, les personnages ont un rendu très réaliste (aussi bien dans les silhouettes que les visages) et ils dégagent beaucoup d’expressivité. Le trait est soigné, le mangaka fait varier les nuances de tramage, et le découpage est dynamique, mais on regrettera tout de même que les décors soient aussi absents. Toutefois, cela ne nous empêche pas de savourer l’histoire qui reste très passionnante : à découvrir absolument !