L'histoire :
La mission conduite par Cyann approche d’ilO. A bord, l’ambiance entre les différents membres de l’équipage est électrique. La faute à Crysane et ses malaises trop fréquents. La faute à Cyann qui n’est aimée de personne – pas même de Nacara, son amie, qui l’admire et la hait à la fois. La faute à une alerte incendie obligeant les occupants à évacuer d’urgence le vaisseau pour gagner les deux modules d’atterrissage, Stamo-1 et Stamo-2. La rentrée dans l’atmosphère se passe bien mais celui de Crysane garde un silence inquiétant. Cyann et Nacara étant en charge de l’autre, elles décident tout d’abord d’établir un contact radio. Dehors, un froid terrible règne recouvrant la surface d’ilO d’une importante couverture neigeuse. Sans en référer à leur commandant, deux membres de l’équipe sont partis en reconnaissance : ils périront gelés. Rendant leurs corps à l’eau, Nacara et Cyann acquièrent la conviction qu’elles ne sont pas seules sur ilO. La faille où ont été retrouvés les corps, a visiblement été élargie. La guerre des Confins a laissé des survivants sur ilO (…). Le jour suivant, une communication vidéo émise par Crysane est captée. Mais la liaison est de mauvaise qualité et le message tronqué. Accompagné du bellâtre Sépion, c’est cette fois Cyann elle-même qui part en module à la recherche de Stamo-2, sans succès ni enseignements – sinon les mains baladeuses de Sépion. Finalement, la base de Stamo-1 reçoit les signaux de cinq des ID des passagers du second module : tous sont morts selon les remontées. Ou, poussés par Crysane, ils ont trahis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De nouveau 110 planches. De nouveau un monument qui pris un temps certain – tout relatif – à paraître, attendu, espéré (!) par nombre de lecteurs. Sorti à l'automne 1997, Les six saisons sur ilO offre un dépaysement garanti et total, imaginant un monde exponentiel qui, s’il présente des similitudes au nôtre (à propos ou par convenance tant il est vrai qu’il est difficile de bâtir ex nihilo), possède un impact comparable à celui proposé par Léo sur ses Mondes d’Aldébaran ou à l’écran en son temps par un George Lucas (Star Wars). Bref, un régale d’exotisme singulier offrant des rebondissements à la pelle et des possibilités de surprendre, innombrables. François Bourgeon (et Claude Lacroix) jouent d’ailleurs peut-être trop de cela. Ne gardant pour seul acquis le personnage de Cyann – droite dans ses bottes, en qui et qui ne doute jamais d’elle-même, sensuelle et insaisissable, si désirable – nos auteurs inventent pour ses compagnons des raisons diverses de se défier de leur amie jusqu’à se rebeller, sans toujours convaincre. Prétextes à la découverte d’un univers inconnu. Parti en quête d’un remède aux Fièvres pourpres, c’est en effet de défiance et par urgence vitale (impérative à la survie du groupe) que progresse Cyann. Bourgeon joue aussi excessivement de sa plastique ainsi que celles de ses camarades : les frasques sexuelles n’intervenant pas chaque fois à bon escient, parasitant l’histoire plutôt que de l’égayer (…). Ces réserves faites, cette seconde partie du Cycle de Cyann conclue intelligemment l’intrigue ouverte précédemment. Elle y apporte des réponses originales et ouvrent de nouvelles pistes pour son héroïne. La série, complexe, confirme son potentiel de développement futur sans limite apparente (pour preuve le hors série suivant cet album, intitulé La clé des confins, est consacré au détail de l’univers accouché). Bourgeon emprunte, réemploie et invente en permanence. Il ne s’encombre pas de sentiments contraignants vis-à-vis des personnages qu’il crée. Il déroule et ne retient qu’une chose : Cyann. A sa belle, il réserve encore bien des surprises…