L'histoire :
Decorador : José et Miriam ont quitté le nordeste pour tenter leur chance en s’installant en ville. Leur baraquement au sein de la favelas est insalubre et cela ne ravit guère Miriam. Le cousin Engraçado les rassure : tant qu’ils ne manquent pas de respect aux membres du gang, tout se passera bien. Artiste peintre, José se met à repeindre la porte d’entrée… et bientôt, un gros baraqué lui apporte son flingue à décorer. Puis un autre. Puis la décoration d’armes devient l’occupation première de José, qui n’a pas intérêt à laisser filer les délais…
Delirium tremens : Sourdrille se réveille avec la tête dans le cul. Des bouteilles vides jonchent sa descente de lit. Il a mal au crâne, il va couler un bronze pour essayer de tout remettre d’aplomb. Mais dès le premier étron poussé, une petite voix l’appelle à l’aide depuis la cuvette ! C’est un mini-double de lui-même qui est sorti de son rectum, qui l’insulte et lui réclame à bouffer. Pire : le lendemain matin, après une seconde nuit de biture, il y en a deux qui roupillent dans ses pantoufles…
Du rififi dans le Pacifique : Un Kaijû (monstre mutant géant) est encore en train de tout broyer dans une grande ville côtière du Japon. Les militaires réfléchissent (un peu) et décident de construire un robot géant pour lui niquer la tronche…
Sur ses 164 pages, ce second recueil périodique de « Culture à la masse » contient des historiettes de BD, moult strips trash, de courts essais littéraires, des articles de fond…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand un nouveau Aaaarg ! paraît, on crie Yepeee ! Sous la férule de son rédac’chef Pierrick Starsky, une trentaine d’auteurs de la vague « trashy-comics » a eu de nouveau carte blanche pour balancer sa sauce culturelle « à la masse ». Ici un dossier sur la puissance d’un film d’horreur culte Cannibal Holocaust. Là une BD avec l’alter-ego de Sourdrille qui fait caca des petits lui-même (et sa veine graphique est réaliste !). Encore par ici, un long entretien avec Matthias Lehmann, prince de la carte à gratter, ou un gros dossier consacré au talentueux Riff Reb’s… Entre deux, des strips de Paf et Hencule ou de Salch, une attaque de zombies vraiment purulents, des essais littéraires ouske même qu’il faut lire, et Dav Guedin se fait pisser dessus (beuark) ! On ne va pas vous faire tout le sommaire, parce qu’ils sont nombreux à s’éclater de différentes façons dans ce volume (cf. le casting en colonne de droite). On ne crie pas au chef d’œuvre non plus pour autant, car l’impact zygomatique ou imaginatif reste parfois limité et par définition irrégulier. Mais le pluralisme créatif fait toute l’âme et la force de ce bimestriel (traduire : un numéro tous les deux mois). Surtout, on est bien content de lire « autre chose », tout en restant dans des délires assumés de genre. Les intentions de ce périodique sont admirables, exutoires, talentueuses, éclectiques, sardoniques, méchantes et drôles… et donc, fichtre, ça fait du bien, dans le paysage policé du 9ème art actuel. Aaarg s’impose comme une des relèves salvatrices d’Hara Kiri ou de l’Echo des savanes. Pourvu qu’ça dure !