L'histoire :
A l'issue d'un entraînement intensif, la CIA contacte le Commodore Gary Rice, de l'Office of Navy Intelligency. Elle vient de déjouer une tentative d'assassinat qui visait l'ambassadeur de ce pays ami, car quelque peu en froid avec les soviétiques. Les américains ne supportent pas l'idée que cette tentative d’assassinat ait eu lieu sur leur sol. Ils ont besoin d'un agent secret d'origine ukrainienne, ce qui correspond au profil du Commander Serge LKovask, sous les ordres directs de Rice. L'objectif est clair : infiltrer le réseau et neutraliser sur place, à Kiev, ses têtes pensantes. Kovask a une tante et des cousins qui vivent à Kiev et un ukrainien travaille déjà pour la CIA auprès d'un membre de ce réseau, en Floride. Là-bas, Kovask gagne la confiance de ce contact en acceptant de couler le yacht d'un émissaire soviétique en villégiature aux Bahamas. Ayant fait ses preuves, il est alors envoyé à New-York, où il rencontre les leaders de la branche implantée aux USA, qui lui confient une mission obscure en Ukraine. Kovask ne dispose d'aucune information, les instructions lui seront données sur place. Le comble, c'est qu'un mariage blanc est organisé pour qu'il puisse passer aux yeux des autorités locales pour un émigré qui rentre au pays présenter sa femme à sa famille. Mais tout se complique encore plus quand on lui explique, à Kiev, qu'il va revenir avec une autre femme, ressemblant comme deux gouttes d'eau à celle qu'il a épousée pour sa mission ! Cette seconde « épouse de substitution » passe pour être une grande scientifique qui effectuera de la propagande et structurera mieux le mouvement aux USA. Tout cela est trop gros, les types auxquels il a affaire ne sont pas des amateurs. Une conclusion s'impose à lui : il est grillé !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La seconde partie de ce polar réserve peu d'action, si on excepte le final explosif, c'est le cas de le dire ! Plus que jamais, ce sont les dialogues qui donnent du grain à moudre au lecteur. Ils sont plutôt bien écrits et retranscrivent le double jeu auquel Le Commander et les membres du réseau qu'il infiltre se livrent tout au long de ces 126 planches. Ce qu'on retiendra au final de cette aventure, c'est que le titre illustre parfaitement ce qui arrive à Serge Novask : être affublé de deux femmes. Sa relation à celle qu'il épouse sans la connaître, pour les besoins de la cause que les ukrainiens lui demandent d'épouser également, est ainsi le pivot du récit. L'homme est froid, mais à l'instar de l'immensément plus connu James Bond, il n'est pas non plus de marbre. Ne pensez pas à l'interprétation de Roger Moore, ici on n'est pas dans registre du playboy, mais bien plus proche de la psychologie des écrits du héros de Ian Fleming. Le Commander est à l'évidence son reflet américain, mais ce n'est pas non plus une pâle resucée, car il faut reconnaître que Georges-Jean Arnaud avait aussi le talent pour flairer l'air du temps de cette URSS de Brejnev, qui apparaît comme un fil invisible, derrière les imbroglios de cette mission d'infiltration d'Ukrainiens qui veulent en découdre et tendre à nouveau le contexte d'une guerre froide en train de perdre de sa tension. La seule ombre au tableau vient du dessin, véritablement faiblard. Encore une mission bien menée pour ce petit format, qui se conclut, pour des questions de pagination, par L'heure du crime, une histoire courte qui tourne au tour d'une partie de Poker meurtrière. Tout un programme !