L'histoire :
Norman Lindsay est un biologiste qui travaille sur le développement des algues. Ses expériences ont conduit le consortium militaire à intéresser de près à son invention, l'algotron, un incubateur qui permet aux bactéries contenues dans les végétaux aquatiques de produire de l'oxygène. Les applications dans le domaine spatial pourraient trouver une exploitation qui repose sur une technologie unique, ce qui fait que Lindsay travaille désormais pour un labo de l'Université de Californie. Mais ce que le chercheur ne sait pas, c'est que son épouse d'origine chinoise est sous le contrôle des autorités de son pays natal, qui lui ont délivrée un permis de s'expatrier contre l'effacement de quelques affaires pénales. Elle fait donc l'objet d'un chantage et passe à un réseau d'espions chinois les photos des notes de recherches de son mari. Mais les services secrets US ont repéré le manège, les recherches de son mari étant devenues sensibles... Il faut donc placer l'épouse sous surveillance et adjoindre un agent secret au chercheur pour remonter le réseau, avant d'attendre le bon moment pour opérer un coup de filet. Un job pour Le Commander et son ami Marcus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Commander rit jaune est la première adaptation en BD du roman éponyme, paru en 1967. On est alors en pleine guerre froide et déjà, la Chine cultive en Occident l'image d'une puissance dangereuse, dont la spécialité est l'espionnage industriel. C'est ce cliché, néanmoins fondé, qui est le rouage qu'exploite G-J Arnaud et qui débouche sur ce diptyque plaisant. Ce qui est d'autant plus appréciable, c'est que le récit ne fait pas dans le spectaculaire. Ici, on est aux antipodes du thriller spectaculaire, où les espions sont des experts des opérations coups de poing. Pas d'explosifs, pas de sniper ni encore de Walter PPK, pas non plus d'expert en krav maga. Non, l'art du contrespionnage est la filature, les écoutes grâce aux micros discrètement placés, les photographies prises en planque et les manipulations psychologiques. Retourner un réseau demande un savoir-faire basé sur la discrétion et c'est donc avec une forme de lenteur lancinante que le scénario entraîne le lecteur dans les rouages de la stratégie de défense des intérêts militaires US. L'atmosphère est lourde et la nasse se referme de façon implacable, non seulement autour de ce couple victime, mais aussi, bien sûr et simultanément, autour des espions chinois. Ce double cercle met tout le monde sous pression et la progression dramaturgique en découle « naturellement ». Le bémol, car malheureusement il y en a un, provient du dessin, peu soigné et confié très probablement à plusieurs dessinateurs, qui, comme toujours avec cet éditeur d'antan, ne sont pas crédités... Malgré tout, Le Commander rit jaune propose un voyage dans le temps et dans les coulisses de la lutte que les super-puissances continuent à se livrer pour la technologie... même si aujourd'hui elle a pris d'autres formes et d'autres cibles !