L'histoire :
Rotterdam. Dans la chaleur d'étuve d'un petit bistrot, un homme porte une gallabia. Son nom : Salah Karia. Ce ressortissant palestinien entame son troisième thé à la menthe lorsqu'il est rejoint par un de ses compatriotes, un certain Hourdy. Tous deux évoquent l'arrivée prévue le lendemain d'un super tanker, l'Indian Star. Le problème, c'est qu'il n'aurait jamais dû rejoindre l'Europort. En effet, Salah y avait placé une bombe, lorsqu'il mouillait en Moyen Orient. Pourquoi n'a-t-elle pas explosé, c'est la question que désormais Salah se doit de résoudre, sous peine d'être définitivement discrédité par le FPLP, organisation terroriste à laquelle il appartient. Hourdy, son complice, travaille comme manœuvre dans le chantier. Il y est bien évidemment infiltré et il trace un plan détaillé des docks. Salah pourra se réfugier dès ce soir dans une baraque. Les deux hommes se rejoindront aux alentours du pétrolier, en pleine nuit. Hourdy provoquera un court-circuit général, qui donnera deux ou trois minutes à Salah pour s'introduire et se cacher jusqu'à pouvoir atteindre la bombe et en vérifier le mécanisme. Quelques heures plus tard, Salah Karia réussit en effet à monter à bord et il atteint l'endroit où l'engin explosif est dissimulé. Il constate la défaillance du système de l'horloge qui commande la mise à feu du dispositif, mais au moment où il compte quitter le navire, il est pris en chasse par un agent du contre-espionnage américain, présent à bord sous couverture d'être un policier...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Georges-Jean Arnaud, né Georges Camille, était un romancier populaire français, qui signa plus de 400 récits, sous divers pseudonymes. Capable de verser dans la SF (ses romans La Compagnie des Glaces ont été adaptés en BD) comme dans l'érotisme, il écrivit de très nombreux polars, dont la série Le Commandeur, qui compte 75 romans. Cette adaptation en petit format vient 10 ans après la publication de sa « version originale ». Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on baigne dans une atmosphère qui rappelle en tous points celle des James Bond et d'OSS 117. Serge Kovask, alias Le Commander, est un espion américain, mais ils n'appartient pas à la CIA, c'est un agent de l'ONI (L'Office of Naval Intelligency). Un détail qui n'a rien de neutre parce que l'auteur utilisait aussi les romans de la série pour dénoncer les exactions de la CIA partout dans le monde. Ce Commander a donc la froideur du plus célèbre double-zéro. Et si on se penche du côté des aventures du personnage créé par Jean Bruce, il y a cet érotisme latent. En effet, même si aucune scène n'est explicite (on trouvera tout de même quelques nanas topless), la piste que suit l'espion l’amène dans une maison de joie située à Doha ! De là, les crimes se succèdent et les manipulations politiques vont bon train. Côté dessin, l'espagnol Antonio Deu fait preuve d'une belle maîtrise du Noir et Blanc, en jouant parfaitement avec les ombres et la lumière. Parfois, Kovask arbore une furieuse ressemblance avec Clint Eastwood et il faut reconnaître que les petites femmes qui peuplent son aventure sont belles à croquer ! Le premier tome de cette aventure renferme ainsi un charme délicieusement rétro.