L'histoire :
Un jeune homme un peu nerveux pénètre violemment chez un armurier, un foulard lui dissimulant le bas du visage. Il menace le commerçant de son révolver pour obtenir deux boîtes de cartouches de 45 Colt. L’armurier garde son sang-froid et lui propose plutôt de lui raconter une histoire... ou douze.
Les deux frères : Il commence par l’histoire de Moses Stegall, dans le Kentucky en 1799. Stegall est devenu chasseur de prime, dans le but de flinguer un jour les deux meurtriers de sa femme et de son bébé. Etant donnée l’horreur absolue des crimes, Stegall s’est juré de traquer ces deux insaisissables bandits jusqu’en enfer…
El dandy : Il y a aussi l’histoire de Tiburcio Vasquez, en Californie en 1875. Ce dernier a été arrêté et exécuté alors même qu’il affirmait n’avoir jamais commis le moindre crime.
Immortels : En avril 1860, dans le Colorado, le surintendant Jack Slade traque Old Jules Beni, un salopard de tueur qui déguise ses exactions pour faire croire à des attaques d’indiens. Hélas, le jour de la confrontation, sous une pluie battante, c’est Old Jules qui dégaine le premier. Il colle trois balles à Jack Slade, dont la dernière alors qu’il rampe au sol sur le ventre, pour l’achever. Mais Slade ne meurt pas et Old Jules est aussitôt arrêté par les autorités. Coup du sort : la poutre à laquelle on le lynche cède ! Comme le veut la coutume, il est donc gracié. Mais de son côté, Slade ne meurt pas. Une fois rétabli, il reprend sa traque sur Old Jules…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Go west Young man et Indians, ce Gunmen of the west est le 3ème ouvrage collectif sur la thématique du western managé par Tiburce Oger. L’auteur se charge des scénarios de chacune des historiettes, avec l’aide d’Hervé Richez (directeur de la collection Grand Angle), qui sont toutes inspirées par de la documentation d’époque. Comme l’indique le titre, la thématique focalise sur les authentiques destins de réels flingueurs du far west. En effet, le mythe du western et ses codes de représentations (ciné, BD…) sont des « contes » pour adultes arrangés, mais ils ne collent pas forcément à la réalité, souvent plus sordide ou moins manichéenne. Selon ses dires, Oger respecte cette fois la stricte réalité historique, récupérée dans les archives déclassifiées américaines. En cette époque trouble, par exemple, même s’il a évidemment existé de purs salopards, on devenait souvent hors-la-loi de manière accidentelle. Ce souhait d’authenticité est respectable, mais il a hélas logiquement tendance à étouffer le souffle romanesque, donc l’intérêt qu’on porte à ces anecdotes. Paradoxalement, c’est un western de John Ford (L’homme qui tua Liberty Valance, 1962) qui a d'ailleurs popularisé la phrase « Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende ». Le casting de dessinateurs est globalement le même que pour les précédents opus, avec la crème de la crème des artistes réalistes rompus aux westerns : Christian Rossi, Ronan Toulhoat, Paul Gastine, Benjamin Blasco-Martinez, Jef, Félix Meynet, Hugues Labiano, Dominique Bertail, Eric Herenguel et Laurent Hirn qui signe une couverture très accrocheuse – le regard de fou de ce flingueur hirsute interpelle nécessairement. Mais on compte aussi trois nouveaux venus et pas des moindres : Stefano Carloni, Olivier Vatine et Nicolas Dumontheuil. Dégainez vos Colt, ça va sentir la poudre.