L'histoire :
C’est une nouvelle nuit de canicule sur le Latium romain. Servilia Caepionis, ancienne maîtresse de Jules César, a encore plus chaud que les autres membres de la villa : elle est fiévreuse. Il semble que la perle noire qu’elle porte autour du cou et que lui a jadis offert Cesar, soit responsable de ce feu intérieur qui la dévore. Quelques heures plus tard, alors que l’orage a enfin éclaté et que des trombes d’eau se déversent sur Rome, Brutus, fils naturel de Servilia et adoptif de Cesar, arrive en colère sur le forum. Il exige de voir Cesar, persuadé que ce dernier a tenté de tuer sa mère à petit feu, par l’entremise de cette perle. Cesar le calme et explique qu’il n’y est pour rien. Il diligence même une enquête officieuse pour déterminer l’origine de ce bijou mortel. Il demande à Alix et Enak d’accompagner Brutus jusque Massilia, ancienne cité grecque où Cesar a trouvé la perle. Le trio navigue donc jusqu’à la cité phocéenne et ils interrogent les commerçants pour trouver l’orfèvre susceptible d’avoir fabriqué le bijou. La nuit, la perle déclenche des cauchemars terribles chez Brutus, qui dort à côté de la perle qui empoisonne. Jour après jour, leur enquête progresse. Et tandis que la provenance crétoise de la perle se précise, un jeune voleur s’introduit par effraction dans leur logement et s’enfuit avec la perle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce tome 40 de la série classique d’Alix forme un duo conceptuel avec le tome 13 d’Alix Senator, autour de la figure mythologique du Minotaure. Évidemment, les deux albums sont scénarisés par la même autrice, Valérie Mangin, historienne et latiniste, fine connaisseuse de la période antique. Dans cette aventure d’Alix, le héros gaulois et néanmoins sbire de Jules Cesar enquête sur une perle précieuse qui empoisonne quiconque la porte ou se trouve à proximité. Le titre indique sans mystère la provenance de cette perle noire, et il mène nos aventuriers antiques jusque dans le labyrinthe du fameux Minotaure, sur l’île de Crête. Rassurez-vous, les aventures d’Alix restent malgré tout cartésiennes : il ne combattra pas vraiment THE Minotaure. Valérie Mangin a juste l’habileté narrative d’entremêler les déguisements, les rêves spectaculaires et les délires fiévreux, aux superstitions issues de la mythologie. Le décor minutieusement mis en place par Chris Millien, dans une veine réaliste proche de celle de Jacques Martin, fait le reste, pour aboutir à une aventure plutôt correcte, moins martiale que d’autres, mais avec des échos politiques tout de même – l’assassinat authentique de Cesar, par un complot impliquant son fils Brutus, est évoqué et prend racine. Certes, il y a bien quelques lourdeurs et facilités narratives (comment ressortent-ils de la grotte, exactement ?)… Mais de tous temps, ces écueils ont aussi fait partie des aventures d’Alix. Le difficile exercice de respecter la charte graphique, l’ambiance narrative, l’Histoire antique et un zest de grandiloquence rocambolesque est réussi, sans pour autant produire une aventure tout à fait mémorable.