L'histoire :
A l’invitation de Cornelius Carbo, propréteur romain de la province de Thessalonique, Alix participe à une course de chars dans l’hippodrome. La rivale la plus sérieuse du gaulois est Délia, la leader des amazones, dont l’influence est de plus en plus importante à Thessalonique. Au terme d’une course intense et tendue, devant des centaines de spectateurs, Alix gagne sur le fil. Délia reconnaît sa défaite et salue Alix. Ses consœurs les amazones sont déçues qu’un homme ait pu battre leur cheffe. Délia a tant fait pour accorder la liberté à ce peuple de femmes guerrières ! Mais alors que Carbo sacre le champion Alix en public, on annonce publiquement qu’un nouveau meurtre sordide vient d’être découvert dans la cité. Cette fois, c’est une aubergiste qui a été poignardée. Carbo est aussitôt hué pour son incapacité à rétablir la paix. Le soir venu, Carbo organise un « banquet » (une orgie !) chez lui. Carbo explique alors à Alix le contexte local compliqué. Délia défie son autorité et embarque de plus en plus de femmes dans son sillon. De son côté, Enak enivré se laisse embarquer par d’autres jeunes romains, eux aussi bien saouls, pour aller dérober la ceinture de Délia dans sa propriété…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Désormais scénariste officielle de la série régulière Alix (en plus d’Alix Senator), Valérie Mangin livre ici l’une des toutes meilleures aventures récentes du célèbre gallo-romain. Le contexte historique est celui de la Macédoine (région de Grèce) sous occupation romaine. Alix se retrouve confronté à une série de crimes mystérieux, mais aussi à l’opposition au pouvoir en place d’une femme amazone « indépendantiste » qui offre la liberté et l’affranchissement aux femmes. Délia contre la domination masculine / patriarcale… Tout rapport avec la période post #metoo actuelle serait-il fortuit ? La scénariste issue de l’Ecole des Chartes, parfaitement érudite sur la vie sous l’antiquité, réussit le tour de force d’allier le respect du péplum de Jacques Martin et un sujet de société de l’époque, qui fait sens à notre époque ! Sans dénaturer l’image d’Alix et Enak, elle remet aussi quelques pendules à l’heure des mœurs sous la Rome antique. On ne s’embarrassait en effet guère avec l’homosexualité ou la bigamie… comme l’évoquent globalement Enak et la soirée orgiesque. En prime, le dessin fin et réaliste de Chris Millien est extrêmement besogné (au sens noble du terme), documenté, soigné… avec une apparence d’Alix fidèle au personnage du tout premier tome. Combats épiques, vues panoramiques sur les architectures de la cité de Thessalonique, scènes traditionnelles de la vie antique, détails « authantiques » (l’asservissement, les orgies, la monte en amazone…). Un sacré boulot !