L'histoire :
Un groupe d’assassins accoste de nuit dans un petit village de pécheurs situé dans le delta du Nil. Ils enlèvent un enfant et massacrent les habitants. Quelques jours plus tard, à Rome, Jules César reçoit Alix Gracchus pour lui confier une mission sensible. Cesarion, le fils qu’il a eu avec la reine d’Egypte Cléopâtre, a été enlevé. Les répercussions politiques d’un tel acte sont tellement puissantes, que César nage en plein flou et suspecte tout le monde. Seul un esprit éclairé et intègre comme Alix pourra éclairer l’affaire. Il lui demande donc de partir pour Alexandrie et d’enquêter. Malgré leurs relations tendues avec César, Alix et Enak acceptent… et sont aussitôt espionnés. Ils s’en aperçoivent lorsqu’un chien leur signale une présence et qu’ils retrouvent une curieuse amulette égyptienne sur le sol. Le surlendemain, ils embarquent à bord d’un navire marchand, ignorant qu’un assassin se trouve à bord. Pas très doué, l’homme se fait surprendre et préfère se trancher la gorge plutôt que d’être attrapé. Alix et Enak préfèrent donc débarquer discrètement en Terre égyptienne. Ils font bien, car dans les appartements de Cléopâtre, ça fomente sévère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tandis que sous l’égide de Valérie Mangin, Alix Senator se propose de rafraîchir une série culte du 9ème art (en vieillissant paradoxalement son héros), la série « régulière » se poursuit, confiée à différents professionnels du métier. Le scénario de ce tome 31 a notamment été délégué au vétéran François Corteggiani (La jeunesse de Blueberry, De silence et de sang, Marine…). Cette fois, notre héros galo-romain doit enquêter sur la disparition du fils de Jules César et Cléopâtre – disparition à laquelle la reine d’Egypte elle-même ne semble pas totalement étrangère. Rappelons que depuis l’épisode 20, les relations entre Alix et Cléopâtre sont quelque peu sulfureuses… Visuellement, bien qu’éloigné de la stricte ligne claire et fine du Jacques Martin de l’âge d’or, Marco Venanzi livre tout de même un dessin réaliste très pro et propre, qui ne fait pas du tout injure au registre antique de la série. En ce qui concerne le chara-design, de près ou de loin, Alix et Enak jouent aussi parfaitement l’éventail d’expressions qu’on leur connait. En outre, de nombreuses cases richement décorées méritent de faire figurer le graphisme de cet album dans le groupe de tête des meilleures réalisations de l’ère post-Martin. En revanche, du côté de l’histoire, c’est loin d’être convainquant… Corteggiani convoque certes complots politiques et secte d’illuminés, deux thématiques bien en phase avec la série, mais le résultat se montre au mieux confus, au pire rébarbatif. Les enjeux et les desseins demeurent soit troubles, soit caricaturaux ; les personnages se livrent majoritairement à des guéguerres d’égos sans intérêt ; chacun s’espionne à des moments opportuns ou laisse des indices grossiers permettant de faire avancer mécaniquement l’intrigue. Bref, ça manque largement de finesse et de profondeur. Le renouveau se situerait donc bel et bien du côté d’Alix Senator…