L'histoire :
A Pompéi, Alix et Enak se remettent péniblement de leurs terribles aventures en Cyrénaïque, au sein de la demeure de Marcus Copellis, premier magistrat de la cité. Enak cauchemarde en effet beaucoup, revivant les sacrifices humains rituels faits au dieu satanique Baal. Soudain, un cri déchire la nuit orageuse. A la porte de la villa, un homme succombe à une blessure juste après avoir glissé 3 mots dans l’oreille d’Alix : « César, danger, Baal ». Dès le lendemain, Alix prend donc la décision de regagner Rome pour alerter son ami César. Marcus Copellis, qui doit se rendre en Hispanie par voie maritime, lui propose de faire une escale, pour lui et Enak, par le port d’Ostie. Pendant ce temps, à Rome, de macabres processions et sacrifices sont perpétrés dans des souterrains sous une riche villa. Dissimulés sous leurs capuches, de nombreux conjurés vénèrent encore et toujours le dieu Baal. Sous la férule d’un grand maître coiffé d’une tiare diabolique, ils fomentent la prise de Rome, alors dirigée par un Sénat favorable à César. Et pour cela, ils ont le soutien de Pompé, ennemi juré de l’empereur. Alix se jetterait-il dans la gueule du loup ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 30ème épisode d’Alix s’intercale chronologiquement juste après le tome 8, Le tombeau étrusque, auquel il fait directement référence, en en prolongeant l’intrigue. Il est donc conseillé de relire précédemment cet épisode pour s’en remémorer les effroyables évènements. Rappelez-vous, on y immolait des offrandes humaines vivantes, dans la gueule en feu d’une idole géante, à l’aide d’un mécanisme d’élévation diabolique… Ce faisant, hélas, on s’aperçoit que Michel Lafon, scénariste de cet opus, a encore bien du chemin à parcourir pour atteindre la puissance épique et narrative que maitrisait Jacques Martin dans les années 60. Cette resucée des conjurés molochistes convoque pourtant des éléments piochés dans quelques unes des meilleures aventures d’Alix (coucou revoilà le méchant Arbacès et la griffe noire…), mais le résultat ne convainc pas. L’inspiration originale manque cruellement, la narration linéaire adopte un rythme naïf, les motivations des protagonistes paraissent puériles et certains rebondissements incohérents (le non-sacrifice d’Enak). Enfin le démasquage final d’un protagoniste improbable flirte avec la méthode Scoubidou ! En somme, cette « prolongation » est poussive. De fait, le grand-guignolesque de situations pourtant déjà présentes dans les albums de Jacques Martin saute soudain aux yeux : la gueule d’idole enflammée semble factice, les cagoules des conjurés ont une forme ridicule de ventouse à évier, Alix a une faculté exaspérante de faire très exactement le contraire de ce qu’on lui recommande… et à trouver in extremis des poternes pour se planquer. S’appuyant globalement sur la lutte de pouvoir entre Jules César et Pompée, la reconstitution historique est pourtant plausible et sérieuse, grâce notamment au dessin de Christophe Simon, qui maîtrise plutôt pas mal la « griffe martinienne ».