L'histoire :
En octobre 1940, Martin Mahner, jeune allemand, officie contre son grès pour le compte du IIIe Reich. Il est alors affecté au sein d’une caserne de Cologne, où il passe la majeure partie de son temps à bouquiner (en journée) et à accepter de perdre aux échecs (le soir) contre son supérieur, le major Poeschl, qui l’a pris d’affection. Enfin, sa demande de mutation à Paris, où il espère retrouver Catherine (entre autre), est acceptée. A ce moment, Catherine/Katarina travaille quand à elle au sein de la rédaction de la revue Loisirs. Son entourage ignore qu’elle est d’origine juive, mais elle n’est pas rassurée étant donné la quantité de lois promulguées par le régime de Vichy visant afin à « aryaniser » le pays. Elle débat de la chose avec son oncle, propriétaire d’une usine qui tourne actuellement au ralenti. Malgré la pancarte « entreprise juive » qu’il doit désormais apposer sur sa devanture, lui reste confiant : il lui semble impossible que l’Allemagne, pour laquelle il a combattu en 1918 et qui lui a donné pour cela une belle médaille, puisse lui faire quoique ce soit de nuisible. Pourtant, l’avenir va donner raison à Katarina. Suite à la visite d’un confrère qui a été spolié de son entreprise, il cherche d’abord à vendre à son meilleur client, un homme de confiance. Mais un agent du Commissariat Général aux Questions Juives fait capoter l’affaire, devenant dès lors l’« administrateur provisoire » de l’usine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le troisième tome s’était intéressé au funeste destin de Maria, participant à la propagande anti-nazie côté allemand en 1943. Ce quatrième volet revient quelques années en arrière, reprenant le parcours de Martin (le fil rouge depuis le début de la série), ou plus exactement celui de son amie Catherine (en français) alias Katarina (en allemand). D’origine juive, la jeune femme et sa famille subissent alors de plein fouet la terreur antisémite qui s’accroit à Paris durant l’occupation. Cela parait aberrant aujourd’hui, mais à l’époque, il y avait un Commissariat Général aux Questions Juives, une pluie de lois visant à spolier les juifs de leurs biens, à les harceler, les opprimer… À travers la question de l’« aryanisation » de la France et de cette haine de la « juiverie » qui s’installe insidieusement dans les mœurs communes (la délation bat son plein), le scénariste Philippe Richelle poursuit l’excellent travail de mémoire qui façonne la démarche de la série, d’une froide justesse, sans le moindre pathos. Pour étayer son propos, il met en scène un oncle allemand, fidèle patriote à son pays, mais hélas juif. Malgré son optimisme, ce dernier devra se résoudre à fuir en zone libre, en compagnie de Katarina. Le tout est une nouvelle fois mis en scène et en relief par le trait réaliste de Jean-Michel Beuriot, empruntant un style simple, fluide et détachée, qui plaira à un large public. Une brillante fresque historique et politique se poursuit, à recommander aux écoliers et étudiants s’intéressant au sujet…