L'histoire :
Le sénateur-maire Marcel Dubonot est en campagne électorale. Aguerri à la politique et à ses enjeux, il sait que sa vie privée s’expose dans ces grands moments médiatiques et que tout doit être irréprochable pour assurer sa victoire. Or, il a des doutes quant à la fidélité de son épouse… Il engage donc Canardo, détective privé, pour la suivre dans ses occupations diurnes. Attablé à un troquet avec son ami le commissaire Garenni, Canardo s’apitoie sur son sort. La vie privée de Madame Dubonot n’a vraiment rien de bien excitant. Garenni propose alors à son vieil ami de délaisser un temps sa filature conjugale, au profit d’une scène de meurtre. Les deux compères se retrouvent donc au domicile d’Emma Faure, une prostituée de 42 ans retrouvée morte. Dans l’appartement, une étagère contenant des cassettes vidéo de films pornos a été remuée. Puis, tandis que Canardo reprend sa fastidieuse filature, un nouveau meurtre est commis. Cette fois il s’agit de Francis Leveau, 49 ans et une belle carrière dans l’audiovisuel… pornographique. Evidemment, le meurtrier a suivi le même modus operandi que celui d’Emma Faure. Puis, c’est au tour d’Albert Donnacci, 44 ans et visiblement cinéphile lui aussi, d’y passer. La série des meurtres s’accélère, au grand dam du commissaire Garenni qui n’a pas l’ombre d’une piste. C’est alors qu’il tombe sur une photo de groupe prise il y a 20 ans sur une plage. Garenni y reconnait Emma Faure, Francis Leveau et Albert Donnacci. Reste à identifier les autres protagonistes pour les protéger d’une mort certaine puis découvrir derrière lequel d’entre eux se cache le meurtrier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 17e Canardo nous plonge dans l’actualité récente des campagnes électorales où sphère publique et sphère privée se confondent parfois. Un sénateur-maire court après sa réélection, poursuivi par les démons d’un passé pas si lointain. Et voilà donc qu’on reparle de l’héritage des années 68 sur fond de politique locale… On retrouve alors les ingrédients qui font une bonne enquête policière et – a fortiori – une bonne BD. A savoir : des dialogues choisis, un scénario aux petits oignons, bien que très largement téléguidé, mais qui fonctionne à merveille et un regard pas toujours très tendre sur les rouages de notre société. Politique, jeux de pouvoir et erreurs de jeunesse traversent Une bourgeoise fatale pour le plus grand plaisir des lecteurs. Aux manettes d’un polar maîtrisé de bout en bout, Benoît Sokal réussit une nouvelle fois un très bon épisode de Canardo. Il décortique les efforts de ses personnages pour gommer leurs erreurs passées à leur profit, en récrivant une histoire plus conforme à leur destin. Le dessin travaillé dans les détails rend très réaliste cette trame. On en oublie presque que le récit est servi au travers les traits d’animaux domestiques qui ont apprivoisé les rapports humains. Un des meilleurs Canardo, à ne pas manquer.