L'histoire :
Canardo s'est mis au service de Madame la Duchesse du Belgambourg pour piéger le célèbre Burt Boverpick, ministre de la culture. Ses projets d'unification culturelle supranationale avec la partie Wallonne, pour contrer le parisianisme grandissant du pays, n'est pas du goût des hautes instances : hors de question d'échanger la recette de praline au chocolat fourrée à la pâte d'amande contre les secrets de l'édition de la bande dessinée ou de la fabrication du vélo... Le piège mis en place est simple. Betty, femme mûre encore très charmante, va user de ses talents de poule de luxe pour séduire insidieusement le ministre. Le piège est tendu : lors d'une étape d'autoroute, elle doit se faire prendre en auto-stop et finir dans le lit de ce dernier. Puis les caméras et les micros, discrètement placés dans sa chambre d'hôtel, ne manqueront pas de saisir la fornication en haute définition. Betty embarquée dans la voiture, les penchants pour la luxure du ministre devraient mordre à l’hameçon de ce piège quasi sans faille. Mais c'est sans compter sur le temps qui se gâte. La neige tombe à gros flocons. L'autoroute finit bloquée par un camion couchée sur la chaussée. La voiture du ministre est obligée de quitter la voie principale. Bientôt, la tempête les oblige à faire halte dans un manoir en rase campagne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une aventure sympa, mais qui se terminait en nœud de boudin de canard, Benoît Sokal revient avec une histoire sans faille, réunissant tout ce que l'auteur apprécie. Plus Canardo que jamais, notre héros alcoolique tue le temps sans grande conviction, en mettant ses services à la mise en place d'un piège scabreux, pour un ministre bedonnant vendu à la luxure. Le huis clos qui en résulte dans un manoir perdu, est digne d’Agatha Christie. Il permet à Sokal de gratiner une ambiance propice à la satire tout azimut des magouilles politiques, de la haute société et de ses contradictions, et de l'abus des puissants sur les plus faibles. La morale de l'histoire ? Y'en a pas. A part peut-être que tout le monde a sûrement quelque chose à se reprocher et qu'il ne faut pas trop croire aux contes de fée. Les répliques sont cinglantes et audacieuses, le graphisme zoomorphique dynamique parfait, le scénario bien ficelé, la narration accrocheuse… Bref, un très bon Canardo !
