L'histoire :
Le connétable Gilles de Rais est en maraude avec ses gens d’armes. Outre un peu d’exercice, une rumeur persistante dit d’une bande armée erre sur son territoire. Un de ses éclaireurs vêtu d’une tenue de camouflage lui annonce alors qu’il vient de croiser une petite cohorte de cavalier, dont un en armure arbore la fleur de lys. Gilles de Rais lance aussitôt l’assaut. Au terme de la traque, Gilles de Rais se retrouve à devoir croiser l’épée face au chevalier en armure. Le combat est âpre, et Gilles de Rais en sort victorieux, après avoir immobilisé son adversaire au sol. Sa surprise est grande une fois qu’il a retiré le heaume : c’est une jeune femme, qui affirme être Jeanne, Jeanne d’Arc ! Elle réclame la protection du connétable, qu’elle connait bien pour avoir bataillé à ses côtés contre les anglais, car elle est poursuivie par l’écorcheur Villandrando, aux ordres de Yolande d’Aragon, accompagné par une puissante armée. Gilles de Rais ramène la jeune femme évanouie jusqu’à son château de Tiffauges, où Jhen est occupé à dessiner des plans d’architecte. Dès son arrivée, Gilles de Rais appelle Jhen et lui explique qu’ils vont devoir se charger en toute discrétion de la protection de la pucelle d’Orléans. Jeanne est par ailleurs à la recherche d’une précieuse lettre de l’Evêque de Beauvais, un document contenant un incroyable secret, que possède précisément Gilles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La jeune combattante Jeanne des Armoises, sur laquelle se focalise ce 19ème épisode de Jhen, serait-elle Jeanne d’Arc ? Nous ne le saurons précisément jamais, à travers cette aventure quelque peu ampoulée scénarisée par Nejib, même si tout porte à le croire. Le gros de l’intrigue porte sur la quête de cette Jeanne envers un précieux parchemin (le récit vous expliquera en quoi il est si précieux !) ; mais aussi et surtout, sur la traque de l’écorcheur Villandrando envers Jeanne. Cette traque se termine dans un site rocailleux improbable, avec des grottes aux entrées sculptées façon masque de Venise et des chutes d’eau magnifiques. Ils sont alors mélangés à un groupe de « manants » qui vivent en communauté… et dont la petite taille et les déguisements poilus rappellent de manière très baroque les ewoks dans Star Wars ( ! ) A travers ce récit bizarre et pas toujours limpide, Nejib fait surtout perdurer l’esprit mystique et mystérieux de Jhen, avec des incursions kitsch et la comedia del arte comme tonalité dominante (les réactions des personnages sont souvent outrancières). Au dessin de ce 19ème tome, Jean Pleyers était déjà le collaborateur original de Jacques Martin, lorsque celui a créé la série Jhen en 1998. Aujourd’hui, il assure toujours un dessin au trait imprécis et moucheté, aux décors très fournis, avec quelques proportions certes parfois un peu étranges (les jambes interminables de Jeanne), des scènes d’action qui manquent cruellement de dynamisme et de réalisme (les combats à l’épée, les portes enfoncées à coup de bélier qui font crack dans une pastille promo à côté de l’endroit où ça craque…) et une colorisation en aplats vifs d’une autre époque. Cela dit, à presque 80 balais, l’ultra réalisme d’ensemble reste une prouesse et certaines cases « fortes » suscitent l’admiration.
