L'histoire :
Jhen traverse les paysages enneigés de Valachie, accompagné par son ami et guide Venceslas. Le prince Vlad Dracul a en effet requis les talents d’architecte de Jhen afin d’agrandir son château à la démesure de sa gloire. Tandis qu’ils approchent de la ville d’Aninoasa, ils trouvent une fillette perdue dans la neige. Le prince Vladi apparait alors à cheval et explique que la fillette cherche sans doute son frère disparu. Il se propose de la raccompagner. En ville, Jhen découvre que c’est la période du carnaval : déguisés en ours, les habitants tapent sur des tambours pour faire fuir les mauvais esprits. L’un d’eux effraie la monture de Venceslas qui se fait une entorse en chutant. Puis dans une taverne, Jhen apprend de la bouche d’Ilona – une serveuse qui ne le laisse pas insensible – la disparition effectivement récente d’une vingtaine d’enfants. Le lendemain, Jhen, Venceslas et Ilona se rendent au château de Târgoviste. Mais à peine se présentent-ils devant les murailles, qu’ils assistent à un dramatique accident : du sommet d’une tour, le précepteur du prince fait une chute mortelle à leurs pieds. Le seigneur Vlad Dracul les accueille ensuite avec déférence et leur accorde de confortables quartiers pour mener leur travail. Cet homme est stupéfiant : capable de politesses, mais aussi de subits accès de violence, il exige un agrandissement démentiel et effroyable de son palais, afin qu’il inspire la terreur jusqu’à la mer noire. Il demande également comme un service que Jhen serve de précepteur en architecture à son fils Vladi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est explicite : dans cette quatorzième aventure médiévale, notre héros architecte s’expatrie en plein hiver neigeux dans les Carpates, pour faire la connaissance de la terrible famille Basarab, dont le père Vlad fut surnommé « Dracul » (le dragon). Avec son roman Dracula, Bram Stocker en extirpa le fameux mythe vampirique. Le nom de Jean Pleyers au générique du dessin est légitime : il est le dessinateur originel et principal de la série (dernièrement en alternance avec Thierry Cayman). Il livre d’ailleurs un travail en phase en tous points avec le style requis : un trait fin, réaliste, détaillé, précis et rigoureusement documenté, qui trouve ses seules limites dans les postures statiques des protagonistes en mouvements (ex : la mort de l’ours p.15). En revanche, la présence du duo Jerry Frissen et Jean-Luc Cornette au scénario surprend sur une série aussi classico-classique. Les auteurs qui ont respectivement produit les excentriques Zombies qui ont mangé le monde et Centre du nowhere seraient-ils en mesure de « rajeunir » le ton ampoulé de cette série solidement ancrée dans la désuète griffe jacquesmartinienne ? Cette (première ?) collaboration déçoit en restant indécrottablement sage. Certes, le récit se laisse suivre sans déplaisir et s’inscrit dans la logique narrative de la série : Jhen rencontre un nouveau personnage habité par une soif de pouvoir démesurée. En outre, les figures ignominieuses du voïvode Vlad Dracul, surnommé « Vlad l’empaleur », et de son fiston psychopathe, apparaissent fidèles à la légende historique. Néanmoins, la succession des évènements et la psychologie des personnages préfèrent obéir à la facilité qu’à la logique (il parait notamment impossible que Jhen puisse dialoguer avec des tarés pareils et repartir libre et vivant d’un tel enfer). Bref, il semble que le « comité Martin » ait une nouvelle fois bien verrouillé la marge de ses auteurs…