L'histoire :
Le Baron Gilles de Rais, en proie à des douleurs et des cauchemars, se morfond dans son château de Tiffauges. Craignant pour la vie de son ami, Jhen de Roques, son architecte, accourt à ses côtés pour trouver un remède à ces maux. Alors qu’il découvre que le mal qui ronge Gilles est un sortilège commandité par sa garde rapprochée, Jhen lui propose de faire un pèlerinage à Conques pour vénérer Sainte Foy. Les reliques de cette dernière auraient en effet pour vertu de guérir les pérégrins qui viennent la prier. Arrivés à l’abbatiale de Conques, Gilles de Raie se plie donc aux rites de l’incubation et voit apparaître Sainte Foy qui l’expie de ses pêchés et de ses maux. Puis alors qu’il souhaite récompenser la communauté du frère Cliton, qui l’a hébergé durant son pèlerinage, il fait la rencontre d’un moine dominicain. Ce dernier, représentant de l’inquisition, se trouve en terres occitanes pour lutter contre les cathares, ces chrétiens hérétiques qui ne croient ni en l’église, ni en la valeur des sacrements, mais qui auraient en leur possession le saint graal…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce 13ème album des aventures de Jhen, on retrouve des personnages qui ont marqué la série, comme Gilles de Raie (alias Barbe bleue), Perrine Martin dite la Meffraye ou encore Anthonia. Cette fois, Hugues Payen, l’un des scénaristes héritiers de la série, nous emmène en pays occitan, berceau du catharisme (mouvement chrétien médiéval). A travers le récit, on découvre la chasse aux sorcières orchestrée par l’Inquisition contre les hérétiques (courant dissident de l’Eglise romaine). L’exercice didactique est louable mais il aurait mérité d’être plus éclairé et moins confus. Pour les profanes qui ne se sont jamais intéressés aux luttes intestines qui ont agité la religion catholique à cette époque, pas évident de savoir intuitivement à quoi correspond le dualisme albigeois ou les « Bons Hommes » et les « Bonnes Femmes »… Les références historiques sont accumulées et donnent le sentiment que l’intrigue est sacrifiée au profit d’un exposé pédagogique. Dès lors que Gilles de Raie s’est amendé de ses pêchés, on bascule dans une aventure rocambolesque : la quête du Graal dont les cathares auraient eu la garde. Le rythme de l’histoire a un caractère artificiel avec un début de récit décousu où l’on passe d’une scène à une autre sans lien clair, mais également avec l’apparition impromptue de certains personnages. Les postures, les expressions des visages sont exagérément figées : le dessin de Jean Pleyers et les couleurs de Corine Pleyers ne font aucune concession à la modernité. Les auteurs ont voulu rester fidèles à l’esprit de Jacques Martin, qui a créé cette série en 1984…
