L'histoire :
En hiver 1442, l’architecte Jhen et son ami Venceslas cheminent ensemble sur les routes enneigées de Transylvanie. Tandis que Venceslas rend visite à son ami moine Andris, Jhen lui propose de l’attendre dans la ville fortifiée de Sibiu. Les habitants y sont en alerte : des unités de cavaliers ottomans multiplient les barbaries dans les villages alentours et menacent la ville. Jhen s’étonne que le seigneur local ne prenne pas la défense de ses sujets… On lui explique qu’Hermann Patte d’Ours est en mission diplomatique à Budapest. Or son frère Gerwulf, qui gère Sibiu en attendant son retour, préfère conserver son armée à l’intérieur de l’enceinte fortifiée. C’est ce constat que font aussi les turcs, alors en quête d’un coup d’éclat, d’une ville à mettre à sac : si Sibiu se recroqueville sur elle-même, c’est qu’elle est faible. Les janissaires akindjis commencent par piller les villages proches, ne laissant aucun survivant. Jhen redoute le pire pour son ami Venceslas, qui se trouve dans un monastère voisin. Il tente de sermonner Gerwulf… mais il se fait juste un ennemi de ce pleutre despotique. Ça ne manque pas, les ottomans pillent le monastère où se trouve Venceslas. Toutefois, ils laissent ce dernier en vie, car sa force herculéenne est utile pour tirer leur trophée : un crucifix doré géant en bois, qu’ils emportent avec eux vers le Danube. Gerwulf enrage, il lui faut récupérer ce crucifix, d'une valeur et d'une symbolique fortes ! Il lance son armée à leur trousse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jerry Frissen et Jean-Luc Cornette réitèrent leur collaboration scénaristique pour un 15ème épisode de Jhen, toujours expatrié en terres transylvaniennes, beaucoup plus angoissantes lorsque c’est l’hiver. Le héros architecte laisse donc la gentille famille de Vlad Dracul derrière lui, pour se confronter à un autre abus de despotisme ordinaire et aux incessantes guerres ottomanes. Pour trame centrale, Jhen tente de sauver son ami Venceslas des griffes des janissaires akindjis (ottomans). Ces derniers se payent en outre le culot d’avoir chouravé un magnifique crucifix en bois géant tout doré pour le rapporter chez eux (pas bien !). Pour complexifier la chose, notre héros se fait un ennemi viscéral du seigneur « chrétien » local ; et bien que pétrie de bon sens, son impertinence lui vaut de frayer de très près avec la lame du bourreau. Une traque s’enclenche et s’enlise de chaque côté des gorges du Danube, au point nommé « Les portes de fer », tandis que redoublent les rigueurs hivernales, avant un combat final spectaculaire. Cette aventure peut s’apprécier au premier degré, comme une de plus mettant en exergue une fin de moyen-âge barbaresque en des contrées fort peu hospitalières. Connaissant le pédigrée du duo de scénaristes belgo-américains, on peut aussi leur trouver une relecture métaphorique des maux et des prétextes religieux qui secouent encore et indécrottablement notre époque. Dans tous les cas, le dessin encré de Paul Teng, nouveau venu pour enluminer la série, se montre au niveau de cette ère dark métal. On y croit, on frisonne volontiers devant tant de neige, on désespère de l’humanité tous en chœur…