L'histoire :
Jhen Roque et son ami Francesco Prelati quittent Venise à bord d’un convoi de plusieurs caravelles pleines d’épices, à destination des côtes de Flandres. A bord, Jhen sympathise avec un négociant nommé Jacques Cœur, qui lui donne la mesure de l’alliance sulfureuse entre le roi de France et le duc de Bourgogne Philippe le bon, maître des cités des Flandres. Jacques Cœur quitte le convoi à Lisbonne. Après avoir essuyé une belle tempête le long des côtes bretonnes, lors de laquelle Jhen semble apercevoir le terrible Gilles de Rais, la caravelle accoste enfin au port de Bruges. Sitôt sur le marché, Jhen croise déjà le duc Philippe le bon, qui l’invite ensuite à participer prochainement à l’un de ses chantiers sur Bruxelles. Mais avant cela, Jhen et Francesco apportent le précieux codex maudit qu’ils ont convoyé depuis Venise, et rédigé par Roger Bacon, auprès de l’alchimiste maître Thérion, pour qu’il le décode. Ils surprennent Thérion en plein rite sexuel, en compagnie d’une étrange et belle femme… qui trouble profondément Jhen. Cependant, les jours suivants, Thérion est kidnappé durant une joute ! Jhen et Francesco retrouvent néanmoins des notes chez lui, qui attestent qu’il aurait trouvé « l’élixir ». Dès le lendemain, tandis que Francesco prend la route pour apporter la recette à Gilles, Jhen répond à l’invitation du duc et rejoint Bruxelles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette 12e aventure de Jhen, la première depuis la mort de Jacques Martin, Hugues Payen, l’un des scénaristes héritiers de la série, emmène le héros de la Renaissance sur les terres de l’actuelle Belgique. On comprend bien l’intention de focaliser sur la ville de Bruxelles, en pleine mutation à l’époque de notre héros maçon et architecte (il réalisera d’ailleurs l’ogive croisée en pierres de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule). Ses rapports houleux avec le duc de Bourgogne Philippe (dit le bon, car il était bon… à manier l’épée !) ne paraissent cependant jamais bien naturels, pas plus que son idylle avec la femme écarlate (leurs ébats dans la bassine sont grotesques !). Quelques mystères ésotériques sont disséminés, en suspens, espérant que cela donne du relief… mais non, cela ajoute au sentiment de confusion et d’ennui. On aurait aimé comprendre l’utilité de l’ordre de la Toison d’or, voire même comprendre le sens de l’intrigue en général, dont le souffle épique est ici totalement en berne. Le scénariste se borne surtout à empiler les éclairages didactiques et historiques, sans construction narrative franchement palpitante. Au dessin réaliste, Thierry Cayman livre certes des décors rigoureusement authentiques (les monuments de Bruxelles et de Bruges), ainsi que de jolis costumes bariolés inspirés des documents d’époque. Néanmoins, c’est terrible comme le manque d’expressivité des personnages et leurs poses statiques offrent comme raisons au lecteur de se déconcentrer sur n’importe quoi d’autre…