L'histoire :
Le journaliste Guy Lefranc informe son rédacteur en chef, du journal le Globe, qu’il se rend quelques jours dans l’Aubrac, à la demande de son ami le commissaire Renard. En effet, alors qu’il était en vacances du côté de Saint-Geniez-d’Olt, Renard s’est retrouvé involontairement mêlé à une affaire de « tueur à la hache ». Après que deux hommes et une femme ont été retrouvés atrocement mutilés en forêt, Renard a été victime d’un attentat de la route, alors qu’il conduisait un témoin jusqu’à la gendarmerie locale. Le témoin est ainsi mort noyé et Renard s’en est sorti par miracle. Ces faits sont très intrigants pour Lefranc. Le journaliste traverse donc la France des années 60 dans son Alfa Roméo rouge et arrive de nuit à l’hôtel du Lion d’or. Il y dîne en compagnie d’un confrère et de sa stagiaire, venus sur place pour couvrir l’affaire. Un mystérieux coup de fil lui donne alors un rendez-vous en milieu de la nuit. Lefranc s’y rend, sans savoir qu’il est suivi par la stagiaire, curieuse d’apprendre le métier au côté du célèbre reporter. Lefranc se rend ainsi chez le brigadier de gendarmerie de Castenhotz, son rendez-vous. Il arrive juste au bon moment pour sauver l’homme d’un violent inconnu, qui s’enfuit. Simplement sonné, le brigadier révèle à Lefranc la dimension radioactive de l’affaire : l’une des victimes du tueur à la hache tenait un caillou de monazite dans sa main, un minerai nucléaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce tome 28 de la mythique série créée par Jacques Martin, point d’Axel Borg, point de Jean-Jean, point de complot mondial mégalomane, point d’arme démentielle et délirante à vocation apocalyptique… Au sein de l’univers Lefranc, François Corteggiani ne convoque que l’inspecteur Renard. Le scénariste revient dès lors à une intrigue plus terre-à-terre, qui commence comme un polar rural. Plus que jamais inscrit dans la France campagnarde des années 60, Lefranc s’expatrie en effet dans l’Aubrac, pour enquêter sur un triple meurtre qu’il suspecte dépasser le cadre du psychopathe arriéré. On s’étonne au départ que notre vaillant héros journaliste, au tempérament d’ordinaire plus proche de James Bond, se mue ainsi en Loulou la Brocante… Mais évidemment, les indices font dériver le récit vers autre chose, qui ressemble plus à une affaire d’espionnage en lien avec la guerre froide, sans y verser pleinement. Les paramètres de l’intrigue s’étoffent ainsi progressivement, en montant sur l’échelle du rocambolesque – la marque de fabrique de la série, mais cela reste globalement acceptable, même si globalement toujours très ampoulé. L’amateur de BD notera aussi le décor du sanatorium Royal Aubrac, déjà sujet central d’une précédente BD (excellente, d’ailleurs, par Bec et Sure). Soulignons surtout la partition artistique proprette et encrée de Christophe Alvès, quasiment irréprochable dans son objectif de coller à la meilleure veine jacquesmartinienne de l’âge d’or. Décors variés, personnage réguliers, découpage serré… Alvès rivalise désormais pleinement avec Regric, l’autre « repreneur » de Lefranc, en alternance (tomes 27, 25 et précédents).