L'histoire :
Dimanche 8 octobre 1967, Bolivie, canyon d’El Churo. Che Guevara gît à terre, gravement touché à la poitrine. Ses compagnons l’entourent et le protègent, dissimulés derrière la couverture semi désertique de quelques buissons et cactus. L’armée régulière les canarde et ne lâchera pas sa proie : elle sait qu’elle tient « El Zorro ». Les révolutionnaires dépassés, contraints d’abandonner, leur leader est conduit sur une civière à la base d’Higuera. Au petit matin, un hélicoptère arrive porteur d’instructions : jamais le Che n’aurait du survivre à sa capture, il convient de l’abattre discrètement… Le coup de feu retentit. Ernestito voit en un instant défilé sa vie. La boucle est bouclée. Tout a commencé en juillet 1953 en Bolivie, passage obligé pour gagner le Guatemala. Là, le jeune médecin rencontre Hilda, réfugiée politique et de surcroît, belle et instruite. Suivent six mois à vendre des bondieuseries, lorsque une voiture explose en pleine rue, juste à leur fenêtre. Un coup de la C.I.A. Jamais le Guatemala n’aurait du signer avec les Etats-Unis, leur ennemi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Libertad !, premier titre de la toute nouvelle collection « Rebelles » chez Casterman, est astucieusement consacré au Che, LE monstre sacré de toutes les révolutions d’inspiration marxiste de par le monde. Qui d’autre qu’ « El Zorro », Ernestito Guevara, compagnon fidèle et premier lieutenant du toujours président Castro, constitutif de l’identité cubaine, pouvait mieux focaliser l’attention du plus large lectorat potentiel ? Si l’idée paraît judicieuse, le résultat est décevant. Comme trop de sujets très vendeurs, on a l’impression d’une commande tout juste remplie. Il n’y a pourtant aucun reproche, ni défaut majeur à adresser aux auteurs. La narration de Maryse et Jean-François Charles, composée de « flash-back » répétés, respecte la chronologie des grands moments historiques qui écrivirent la légende du révolutionnaire au béret étoilé. Des scènes de son enfance (véridiques ou fictives ?) enrichissent la psychologie du personnage qui prend ainsi de l’épaisseur. Certains découvriront même une part d’ombre : tout héros n’en demeure pas moins homme, avec ses faiblesses physiques et/ou mentales. Le dessin alerte d’Olivier Wozniak convient parfaitement à un récit composite et rythmé. Peut-être le trait est-il parfois un poil léger, à l’instar de la mise en couleurs peu marquée de Benoît Bekaert. Au final, l’ensemble manque cruellement de personnalité, alors que le protagoniste en avait à revendre ! Dommage. Une conclusion s’impose : résumer en 46 planches la vie d’une icône relève-t-il d’une gageur ?