L'histoire :
Le 9 septembre 2001, 2 jours avant les attentats du World Trade Center à New-York, deux faux journalistes, mais vrais fondamentalistes, tuaient le colonel Massoud à l’aide d’une caméra piégée. Flashback. En septembre 1953, Ahmad Shah « le Pandjeri » nait en Afghanistan. Après une scolarité dans un lycée français, puis au Pakistan, le jeune homme entre en résistance dès 1975, lorsque le coup d’état de Daoûd, cousin du roi, proclame la nouvelle république, satellite de l’URSS. Après une révolte ratée, Massoud libère son pays, le Pandjshêr en 1979. Dès lors, il mène durant huit années une lente et meurtrière guérilla contre les russes. Les blindés et les hélicoptères russes rasent parfois des villages entiers, mais s’avèrent impuissants contre des grappes de soldats cachés dans les montagnes… Visionnaire, Massoud reste aussi méfiant vis-à-vis des grandes puissances, que vis-à-vis des extrémistes qui cherchent à imposer un état islamiste. En 1992, alors que Kaboul est libéré, Massoud décrète une (saine) amnistie envers les partisans de l’ancien régime. Mais les talibans, armés par le Pakistan, finissent par ravager la capitale et par installer l’un des pires régimes de la planète…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tragiquement, il a fallu qu’il soit assassiné pour qu’on en parle. Paradoxalement, son combat fut légitimé aussitôt après sa mort, par les attentats du 11 septembre 2001. Il y a de toute façon quelque chose d’éminemment paradoxal, en soi, à être un « guerrier de la paix ». Pourtant, celui qu’on appelait « Massoud » (littéralement « le chanceux », « le bienheureux ») a toujours réussi à rester fidèle à son humanisme, sans jamais courber l’échine. Humain, il l’était avec ses hommes, avec sa vision moderne d’une société tolérante, ouverte sur la condition féminine et le pardon. Son sens tactique, sa clairvoyance géopolitique et économique des évènements, sont ici présentés à travers le jeu d’échec, dont Massoud était apparemment adepte. Dans la lignée des autres récits de la collection Rebelles, toujours scénarisés par Maryse et Jean-François Charles, cette biographie nous présente la vie de cet homme, de manière didactique. Le dessin est confié cette fois à Frédéric Bihel, familier du décorum moyen-oriental, mais d’ordinaire à une époque antique (Les héritiers du Soleil). Le dessinateur livre un joli travail en couleurs directes, pas toujours régulier : certaines cases sont réalisées sommairement, d’autres sont splendides ! Certes, les séquences s’enchaînent vite et les nombreuses ellipses ne nous permettent pas toujours d’appréhender les détails (ex : le mariage tardif de Massoud est à peine abordé dans la BD, mais il est confirmé dans la rétrospective datée du début). Ce caractère est inévitable, dès lors qu’il s’agit de brosser une vie aussi intense que celle-ci, en seulement 46 planches...
