L'histoire :
A Paris, le 3 juillet 1971, Jim Morrison, chanteur du groupe rock The Doors, est retrouvé mort dans sa baignoire. Abus d’alcool, de tabac, de drogue… Un destin presque consciemment tragique, comme il le confiait à son partenaire de scène Ray Manzarek, sur une plage de Los Angeles, à peine 6 ans plus tôt : « Je me vois comme une étoile filante. Je vais… Boom ! Monter en flèche au plus haut des cieux et exploser. Tout le monde fera AAAh… Regardez !!! et tout sera terminé, je serai parti ». En 1965, Jim vient en effet de quitter – de renier même ! – sa famille, de faire table rase du passé pour prendre son envol sur cette terre. Il a « fait sa mue », en quelque sorte, et veut se lancer dans le cinéma ou la poésie… Bref, un « truc comme ça ». Il monte finalement un groupe rock avec 3 autres comparses, qu’ils nomment les Doors. Sur scène, Jim compense une attitude timide (au départ) par des paroles beaucoup percutantes. Tuer le père, baiser la mère… Sur scène, son mal de vivre se transcende et c’est un succès foudroyant. Fidèle à son idéal de vie qui consiste à retourner à l’essence des choses, à se retrouver face à soi-même, au tréfonds de tous les excès, Jim brûle la chandelle par les eux bouts. Il fait la Une des magazines, enchaîne les concerts endiablés et se noie un peu plus chaque jour dans l’alcool…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le schéma narratif est quasi-identique à chaque opus de la collection Rebelles, dirigée par Jean-François et Maryse Charles. Pour Jim Morrison comme pour les autres, tout commence par sa scène finale : au crépuscule de sa vie, le personnage se remémore un destin inouï et néanmoins tragique, en accéléré, développant son histoire à grands coups de flasbacks successifs. Ici, c’est Romain Renard, auteur complet d’American Seasons, qui orchestre la biographie. Un recrutement relativement approprié, car Renard est également auteur-compositeur d’un groupe de rock (le groupe Rom ; premier album : L’étoile du sud). L’artiste emprunte un style graphique réaliste très appliqué, en couleurs directes, sur des tons sombres et idéalement sobres. Sous son coup de crayon, le visage de Morrison reste à la fois angélique et énigmatique, comme il se devait de l’être. En revanche, pour ceux qui l’ont vu, le comparatif avec le film est inévitable… Là où Val Kilmer interprétait à la perfection la débauche sans fond dans laquelle se noya Jim Morrison, Renard reste relativement pudique, presque distant. Sur ce point, et en raison des nombreux allers-retours entre l’année 1971 et les étapes de la vie du chanteur, la démonstration de la dérive autodestructrice manque de punch. L’album one-shot permet néanmoins d’illustrer la fameuse morale-métaphore du papillon de nuit : à trop s’approcher de la lumière, on s’y brûle les ailes.