L'histoire :
A la fin des années 80, Alexandre est un jeune trader plein de promesses, qui monte en galon et en responsabilités au sein d’une banque d’affaire, la BCGI. Mais sa candeur et son inexpérience en font aussi le pigeon idéal : une véritable conspiration, dans laquelle baignent son patron et son meilleur copain, le conduit à la catastrophe. Responsable d’une banqueroute pharamineuse, il est alors accusé de malversations, de détournements de fonds, de délit d’initié et par dessus le marché, de meurtre sur la personne de son responsable hiérarchique ! Sancier a en effet été assassiné un soir dans la rue, en compagnie d’Alexandre, par deux motards de passage… et aucun témoin oculaire ne peut accréditer cette vérité. Or, la plupart des documents susceptibles de conduire les enquêteurs sur la piste des réels responsables, ont comme par hasard été détruit dans l’incendie du siège. Lors d’un procès bénéficiant d’une large couverture médiatique, il assiste impuissant au défilé de ses connaissances, qui témoignent à sa défaveur… Et le verdict est cruel : Alexandre en prend pour 22 ans de prison ! Le piège s’est refermé sur lui, Alexandre a tout perdu. Même sa mère vient lui rendre visite pour lui reprocher de les avoir abandonnées, elle et sa sœur handicapée. Replié sur lui-même, désespéré, il sympathise tout de même avec son compagnon de cellule, Gabriel, un quinquagénaire chercheur en informatique, visiblement lui aussi victime d’une sourde machination. Ce dernier lui propose alors de l’initier aux arcanes de la programmation informatique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un premier temps, la mésaventure financière d’Alexandre s’avère pour le moins avant-gardiste, étant donné qu’elle fut écrite avant l’affaire Kerviel (le scandale de la Société Générale®, découvert en janvier 2008) ! A l’image du premier volet qui nous exposait très clairement l’intrigue et les divers protagonistes, cette suite commence et se termine durant la même soirée mondaine. Entre deux, la narration fait à nouveau place à un large flashblack, reprenant l’instruction du jeune héros, son procès, ses années de prison et enfin son évasion spectaculaire. Ce second volet se concentre donc moins sur les aspects boursiers – très techniques mais didactiques – pour s’intéresser à la vengeance, plus romancée, fomentée par Alexandre. En ce sens, l’intrigue colle de plus en plus au roman dont elle est inspirée, à savoir évidemment, Le comte de Monte-Cristo adapté à notre époque et au monde de la finance. Intelligemment, Pierre Boisserie et Philippe Guillaume (journaliste au quotidien Les échos) mettent en abyme leur influence en l’évoquant au sein même de leur scénario : dans leur geôle, Alexandre et Gabriel s’inspirent directement du roman de Dumas pour bâtir leur riposte. Le tout est mis en relief à l’aide d’un dessin réaliste clair et maîtrisé, d’une belle fluidité, signé Erik Juszezack. Ce premier cycle de deux tomes se présente donc comme un divertissement grand public de fort bonne facture. La problématique est maintenant posée : nous voilà diablement appâtés pour suivre dans les 4 tomes à venir, la forme que prendra la revanche du trader…
