L'histoire :
Le 18 juin, Joseph de Saint Hubert arrive aux Etats Unis, à New York. Les activités sont bouillonnantes et la vie florissante dans le quartier de Manhattan. L'expert chargé des affaires Saint Hubert en Amérique montre à Joseph l'immense immeuble qu'ils ont fait construire avec les fonds de la société. Saint Hubert est ravi, mais il s'inquiète de l'investissement à placer dans le continent. En effet, monsieur Germain vient de fermer l'agence du crédit Lyonnais alors que les affaires prospéraient. Il se méfiait de la surenchère des investissements et de l'effondrement des cours. Pour en avoir le cœur net, Joseph réunit ses conseillers. Il veut des garanties pour la BGI tout en assurant le remboursement de ses clients. Cependant, son entourage ne veut pas renoncer au système actuel : la place de Lyon est une manne bien trop importante pour changer quoique ce soit. L'héritier de la fortune des Saint Hubert a beaucoup de travail...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un troisième cycle démarre pour la saga historico-financière La banque. La famille Saint Hubert continue toujours de se déchirer, de générations en générations. Cette fois, c’est Joseph et Achille qui s’affrontent sur le terrain industriel. Changement de décor : Paris s’exporte et les affaires se font à l’étranger. A la fin du XIXème siècle, l’industrie est florissante et l’ère coloniale prend son envol. Avec beaucoup d’intelligence, Pierre Boisserie et Philippe Guillaume mêlent romance familiale et Histoire. On retrouve ainsi les grands évènements qui ont marqué la France à cette époque : le creusement du canal de Panama, la conquête de la Cochinchine et même l’émergence de la Tour Eiffel. De grandes figures de l’époque côtoient la famille maudite, comme Rothschild, l’inventeur du galopin ou encore Paul Gauguin (qui était courtier en bourse avant d’être peintre). Le plus impressionnant reste les nombreuses références économiques et boursières tout au long de l’opus. Jamais une bande dessinée n’aura abordé aussi bien des notions aussi complexes. Avec un art de la narration sans faille, Philippe Guillaume distille des allusions savantes sur les côtes en bourses, les spéculations et les alliances financières. Loin d’alourdir le récit, c’est ce contexte économique qui nourrit l’intrigue et la fait avancer. En effet, ce nouveau cycle est bien plus subtil que les précédents. L’action y est beaucoup moins spectaculaire et les disputes entre les Saint-Hubert beaucoup plus pernicieuses. Plus de meurtres violents ou de bagarres viriles : cette fois, la haine a pris le monde économique comme terrain de jeu. Les coups sont beaucoup plus bas et chacun utilise des armes sournoises comme la politique ou la finance pour attaquer l’autre et écraser la concurrence. Philippe Guillaume apporte en plus des annexes passionnantes qui montrent à quel point la série exploite à la perfection le contexte social et historique du XIXème siècle. Ajoutez à cela un dessin toujours aussi léché et efficace de Stéphane Brangier et vous obtenez un album remarquable à tous points de vue. Émile Zola est de retour et cette fois, il fait de la bande dessinée...