L'histoire :
Deux mois après l’assassinat du Président des Etats-Unis William Sheridan, l’opinion publique croit qu’il s’agit d’un acte isolé, perpétré par un opposant politique… mais tout le monde ignore son identité. Pourtant, quelque part au large des côtes, sur un yacht, par une nuit de tempête, se joue un nouvel acte d’un complot démentiel. Menottée au bastingage, Kim Rowland sert d’appât pour attirer le mystérieux numéro XIII dans les griffes des services secrets. Un voilier en approche met tout le monde sur le qui-vive… A bord, on ne retrouve pourtant qu’un homme, accidentellement accroché au grand mât, inconscient. On le monte à bord et le temps qu’on décide de le balancer à la flotte, afin de rester concentré sur la cible prioritaire, et celui-ci a disparu. En quelques minutes, celui qui s’appelle John Smith sur ses papiers d’identité, mais qui est plus connu dans le milieu sous le nom de la Mangouste, fait le ménage. Avec minutie et efficacité, il tue tout le monde, à l’exception de Kim Rowland. Attendant à son tour que XIII morde à l’hameçon, il se confie à Kim, lui retraçant depuis son enfance les raisons qui ont fait de lui l’un des pires tueurs professionnels de tous les temps. Dans son enfance en octobre 47, dans Berlin est occupé par les russes, il se nommait alors Shreiner et apprenait le métier de menuisier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
XIII est terminé ? Vive XIII Mystery ! Car non, tout n’a pas été dit au cours des 19 volumes de XIII et chez Dargaud, on n’avait qu’une envie : rallonger la sauce. La série culte, lucrative pour l’éditeur et les auteurs, et particulièrement haletante pour les lecteurs, trouve donc un second souffle à travers cette suite-concept obéissant à une charte en 4 points : 1/ centrer un récit sur un personnage clé ; 2/ s’intégrer harmonieusement à la série mère ; 3/ lui apporter un éclairage différent et enrichissant ; 4/ et être concocté par des duos d’auteurs inédits et originaux qui mettent en branle leurs styles graphique et narratif propres (à chaque fois 2 nouveaux, qui n’ont jamais travaillé ensemble). Tout cela se déroule sous le haut patronage de Jean Van Hamme himself, qui « valide » les scénarii afin qu’ils restent cohérent avec son univers original. Dargaud a confié l’ouverture du bal à un duo d’auteurs chevronné en matière de thriller réaliste : Xavier Dorison au scénario (Le troisième testament, WEST, Long John Silver…) et Ralph Meyer au dessin (IAN, Berceuse assassine…). Par la suite, le tome 2 focalisant sur le personnage d’Irina, sera réalisé par Eric Corbeyran et Philippe Berthet ; Yann et Erid Henninot s’intéresseront à Little Jones dans un tome 3 ; Alcante et François Boucq creuseront la piste d’Amos dans un quatrième… et 6 autres scénaristes semblent déjà avoir trouvé les faveurs de Van Hamme. Bref, on y reviendra. Pour le moment, Dorison et Meyer s’emparent avec brio du personnage de la Mangouste, tueur froid et efficace, méphistophélique. Alors qu’il n’intervenait dans la série originale que lorsque Van Hamme avait besoin de cet archétype, Dorison le dote d’une enfance, d’un apprentissage strict du métier, d’une démarche psychologique cohérente, et contribue ainsi à l’humaniser incroyablement. C’est brillant (on n’en attendait pas moins de Dorison) et pour ne rien gâcher, c’est mis en relief par le trait réaliste et élégant de Ralph Meyer. Notons enfin qu’en parallèle de la sortie de ce premier album (sortie 3 octobre), Canal + diffuse un téléfilm adapté de la série mère (à partir du 13 octobre). Cette minisérie hollywoodienne (2x90 mn, franco-canadienne), l’une des plus ambitieuses pour la télévision, est objectivement excellente, à la fois trépidante et respectueuse de l’œuvre originale, ce qui est suffisamment rare lors du passage du 9e au 7e art, pour être souligné.