L'histoire :
Triste et trouvant que Nao s'est ramolli, Carlo décide d’enquêter seul sur les mystères du hangar n°4 et sur les circonstances de « l’accident » de Rabah. Pendant ce temps, les aquabluiens sont de plus en plus inquiets de la tournure des évènements avec les terriens. Les grandes terres glacées sont utilisées pour de mystérieuses expériences, un étrange consortium souhaite affréter des centaines de villes-bateaux sur les eaux d’Aquablue. Nao et Melkeïok décident de répondre favorablement à l’invitation d’une croisière sur le premier de ces bateaux, le Standard-Island, afin de rencontrer le vice-président du conseil des cinq continents. Melkeiok veut lui faire part de ses inquiétudes. Mais ils n’ont pas senti le climat de violence qui s’est installé de part et d’autre. Alors que Maurice Dupré est victime d’une tentative d’assassinat sur la Terre, c’est une opération terroriste qui va se dérouler sur le Standard-Island…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La situation se complique fortement pour nos héros. D’un côté, on sent que des puissances sont prêtes à tout pour tenter à nouveau de prendre le contrôle sur Aquablue. Les terriens qui s’y opposent sont éliminés ou intimidés. Mais de l’autre côté, des extrémistes recourent à la manière forte pour retrouver leur autonomie. Régis Hautière et Reno nous racontent là une histoire qu’on a vue ou lue mille fois, dont on a honte et qui se reproduit toujours inévitablement : la colonisation, l’exploitation aveugle, la loi du plus fort d’un côté ; de l’autre, la violence aveugle de la bête blessée. Entre les deux, ceux qui parlent d’amour, de paix, de tolérance sont éradiqués. C’est la sourde montée d’une guerre que les auteurs nous montrent là, et la violence sporadique de ce « Standard-Island » nous laisse présager d’un déchaînement dans les épisodes à venir. L’écologie est toujours présente, mais elle est reléguée au second rang, derrière le racisme et la montée irrémédiable d’une guerre. C’est un album prenant et passionnant, même si le scénario est (un tout petit peu) convenu. Il est de nouveau servi par un dessin infographiquement assisté extrêmement réaliste, précis, travaillé. On est entraîné dans cette féerie toujours très claire. On est pourtant dans un space-thriller politique extrêmement noir et désenchanté. Mais partout, on est ébloui par le bleu et la lumière de cette planète qui n’est plus vierge, mais toujours préservée. Pour combien de temps encore ? Après cette lente montée d’une angoisse généralisée, le prochain album devrait être un véritable déchaînement… On a hâte d’y être !
