L'histoire :
La tour de bois d’un poste avancé vient de tomber. Ses canards et défenseurs n’ont pu donner l’alerte, étripés par d’horribles orques-sangliers. A quelques lieux de là, en la cité fortifiée de Canard-ville, les assaillants sont attendus puis reçus de pied ferme, grâce aux automates conçus par le Vicomte de Vaucanson. L’ingénieux oiseau, responsable des défenses de la ville, est l’inventeur de machines fantastiques, douées du mouvement comme de la parole (remplaçant selon ses dires avantageusement les frais d’une armée trop nombreuse). Au conseil du duché, Vaucanson a cependant ses détracteurs et il doit batailler ferme pour obtenir les crédits nécessaires à son Grand Œuvre. Néanmoins, l’animal est rusé et habile comme en témoigne la plus aboutie de ses créations : Cormor, un volatile « sur-intelligent » auquel il ne manque qu’une âme. A génie, rien n’est impossible. Mais quand survient l’armée menaçante du « Mal absolu » habillé du manteau du Destin, une armée de 20000 hommes (!), la peur s’empare des cœurs. Et Vaucanson d’aller trouver son frère et expert magicien afin de choisir entre une résistance désespérée ou une fuite organisée pour ne pas finir étêté, à l’instar du clerc du défunt château de Clérembard…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Grand animateur s’attaque enfin aux origines du mythe. Donjon offre en effet un univers dantesque, décliné en 5 séries développées sur plus de 30 albums à ce jour. Parmi ces dernières, Monsters propose un aparté autour d’un personnage singulier, souvent secondaire ou méconnu, et un dessinateur différent est chaque fois invité à en croquer l’histoire. Après Andreas, Bézian ou encore Blutch, c’est donc au tour de Stanislas, compagnon premier à L’Association de Sfar et Trondheim de s’y coller. Retour en -400, quand Vaucanson s’appelait encore Canard-ville et que le Mal absolu menaçait de mettre la main sur l’ensemble des objets du Destin, menaçant du même coup l’avenir du monde… Fort heureusement, doutez-vous en, grâce au génie et à l’occultisme de l’ancêtre d’Herbert et son frère, le donjon survivra, mais en quel état ! Comme à l’accoutumée, nos auteurs s’en donnent à cœur joie mêlant fantasy et fantaisies, cruauté inique et morale cynique. Le trait est celui d’une ligne claire, en phase avec un récit limpide. Cependant l’ensemble, s’il se lit sans déplaisir (plutôt même le sourire aux lèvres), peine à convaincre. Au final, on a passé un bon moment mais d’un mordant tout relatif. Donjon est devenue une mécanique bien huilée qui rime parfois avec facilité. Préjudiciable ici.