L'histoire :
Dans le magnifique château Pilozzi, au fond d’une forêt bordée par un lac, Papsukal rumine sa rage de récupérer le duché de Vaucanson à sa sœur et son père. Il est en train de devenir un grand archiviste grâce au grimoire de Blaise Pilori, le grand mage, désormais mort. Il progresse de jour en jour, mais des évènements l’inquiètent. Il se réveille loin de son domaine, baignant dans son vomi. Il ne se rappelle de rien. Après avoir mené son enquête, il s’aperçoit que son corps, pendant ces sortes de transes, agit. L’esprit de Blaise Pilori essaie de prendre possession de son corps. Il a même un coup d’avance, puisqu’il a pris des substances pour empêcher Papsukal de se droguer lui-même. Alors le canard-chat décide de demander de l’aide à Sonia la maigre. Ronde, gironde et immense guerrière pleine de couleurs du temps d’Herbert, elle est devenue une maigrissime sorcière à la pâleur cadavérique. Papsukal noue un autre contrat très dangereux avec la sorcière, qui voit là une belle opportunité de se débarrasser de Pilozzi et du canard en même temps. Mais Papsukal a de la réserve, et des forces immenses sont à l’œuvre, qui vont bouleverser Terra Amata.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un splendide château bavarois, majestueux au milieu d’une forêt sombre, se reflète dans les eaux d’un lac éclairé par la lumière rose d’un soleil couchant… C’est l’image qui saisit le lecteur d’emblée de ce Donjon monsters magnifique, qui se terminera d’ailleurs de manière elliptique dans le reflet trouble du château dans le lac. Le ton est donné dès le début et la suite ne décevra pas : ce Monsters est magnifique, grâce à un Bertrand Gatignol qui s’amuse comme un petit fou à mettre Sonia dans tous ses états, à créer du mouvement partout et – chose rare chez lui – à nous bombarder de couleurs vives avec l’aide tutélaire de l’habitué des lieux, Walter. Certaines cases sont magnifiques et l’ensemble du séquençage est parfaitement mené. Les plans qui mènent Papsukal à travers la forêt jusqu’à la rencontre avec Sonia sont à couper le souffle. Sfar et Trondheim ont imaginé un scénario excellent où l’on retrouve Blaise Pilozzi, comme dans l’album Zénith 10 qui sort en même temps. La lutte entre la magie officielle, réglée comme une religion, et la magie sauvage, personnelle, est un thème abordé aussi dans le T10 et semble à la base de la destruction de Terra Amata. Le lecteur sera plongé dans les tourments de Papsukal avec délice (et souvent pas mal de dégoût aussi) tant l’histoire se déroule parfaitement et les dialogues entre les personnages sont savoureux. Un bémol cependant : la présence gourmande de longs récitatifs qui ralentissent la lecture. Mais on ne va pas bouder notre plaisir pour cet excellent épisode, splendide et brillant.