L'histoire :
Le donjon d’Hippolyte, magnifiquement planté sur la tête de l’arbolesse, est le théâtre d’opérations militaires. Le Gardien a réuni des chamanes pour planifier la reprise de son donjon, toujours aux mains de l’horripilant Guillaume de la Cour qui le fait garder par des fantômes (Cf. DM 16). Le Gardien demande à Herbert de l’accompagner pour guider sa petite bande, mais Herbert ne peut pas. Il va suivre la coutume des ancêtres de son épouse qui veut qu’un enfant naisse durant un trek en yack à destination du pays kochaque. En revanche, il ne connaît pas les autres cérémonies de naissance, très périlleuses. Dans la steppe, Isis et sa suite s’amusent dans le blizzard, mais un grelon abime un œil d’Herbert alors qu’il essaie de charger au vent glacial les yeux écarquillés. Mais il n’est pas au bout de ses surprises. Car au soir du vêlement de l’une des femelles yack, le canard apprend que la coutume de l’Opasnyye consiste à jeter le bébé seul dans une fosse pour combattre une meute de loups affamés. Choqué par la nouvelle, Herbert va devoir faire un choix…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Donjon Zénith, c’est la partie de l’histoire où les héros et le Donjon sont à leur apogée. Le gardien cherche toujours à récupérer son donjon, et il y met les moyens, quitte à créer un déséquilibre terrible dans le cycle de la vie. Le donjon est toujours debout, mais Guillaume de la Cour le laisse végéter. Marvin et Herbert sont amoureux, Marvin est marié et papa, Herbert aussi, mais alors que le draconiste est marié à une dragonne, comme lui, Herbert a du mal à accepter les coutumes d’Isis, particulièrement violentes et dangereuses pour le bébé. Les protagonistes sont égaux à eux-mêmes, et on sent bien que Herbert prendra la décision qu’il faut, même si elle entraînera probablement les pires tourments. Il y a quelque chose de la tragédie grecque dans ce scénar extrêmement bien mené, une inéluctabilité qui rapproche la série du ton très sombre des Potron-Minet. On n’est pas encore dans la noirceur absurde des Crépuscule et plus du tout dans la légèreté des premiers Zénith, qui résonnaient fort avec les Parade, même si Lewis et Johann nous livrent de grands moments de n’importe quoi, comme lors de l’irruption d’Isis chez Marvin et Pirzuine. La réflexion sur la dangerosité et l’absurdité des croyances prises au pied de la lettre est fine et drôle, comme souvent chez les duettistes. Encore une fois, le travail de Boulet est magnifique et permet des cases à couper le souffle. Si les couleurs de Walter sont en passe de devenir l’une des marques de fabrique du Donjon, les dessins de Boulet sont splendides, et peuvent être admirés dans une version en noir et blanc. Une réussite.