L'histoire :
Au donjon c’est l’effervescence. Tous s’affairent en vue du mariage de la chatte Isis avec le maître et gardien de la tour. Tous ? Si Marvin en cuisine se démène pour réussir une pièce montée (et ce n’est pas gagné !), Herbert, lui, prétend en somnolant être grandement occupé à empêcher l’événement. Pourquoi ? Parce que Grogro enchaîné à un pilier suce cuisseau. Parce que Marvin pour calmer ce dernier, lui conte leur mésaventure : Herbert (pourtant habillé du manteau du destin) et lui faillirent être grillés, écrabouillés, criblés, désossés, etc… par un dragon dont la magie surpasse la leur. Celui même qui déroba le trésor du château. Il faudra donc au gardien trouver un autre moyen pour red-« or »-er son blason. Pourquoi ne pas attaquer le donjon du frère d’Alcibiade ? Histoire de tester son nouveau système défensif… Non, alors une hypothèque ? Problème : en coulisse, le procédurier seigneur zélote de la Cour guette l’occasion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le plus difficile est souvent de faire simple, d’aller à l’essentiel. Or, en dépit d’une ampleur gargantuesque, les séries issues du Donjon gardent une saveur sans pareille. Le Zénith se place temporellement à l’apogée de l’univers imaginé par Joann Sfar et Lewis Trondheim. Un monde inattendu, peuplé de créatures animalières toutes plus monstrueuses et délirantes. Un décor médiéval bientôt décadent. Car lorsque l’on atteint un paroxysme, la chute n’est pas loin (comme nous le rappelle le rebondissement final que seul l’humour procédurier du seigneur zélote laissait prévoir). Alors les péripéties se succèdent, qui toutes menaces le blason du donjon. Surtout la tonalité humoristique est à double tranchant, capable de provoquer le fou rire comme d’émouvoir aux larmes. Tout cela est certes un peu emphatique, du moins très personnel et de bonne tenue. C’est une affaire de goût. Comme souvent avec Sfar, il faut apprécier l’absurde, le rocambolesque et ne pas chercher une quelconque rationalité. Il faut apprécier le détail à l’instar d’un « manteau du destin », symbole d’invincibilité dont la perte précède sa perte. Le dessin de Boulet (assisté de Lucie Albon aux couleurs) prend dignement la suite de maître Trondheim. Un poil plus propre, trop sage et maîtrisé ? Il parvient cependant à rendre l’essentiel, à l’aise dans le comique des personnages comme lors de la scène dramatique du combat final, terrible, en forêt, sous une pluie battante (pl.222s.). En résumé, un album agréable et honnête. Sur la longueur, la série pourrait lasser. Néanmoins, malgré ses hauts et ses bas, la grande aventure du Donjon demeure d’égale humeur.