L'histoire :
Vers l’an 1310, quelque part près de Carcassonne, Guilhem Roché a perdu tout souvenir de son passé. Recueilli par Emeric, un guérisseur, il découvre à son tour un fabuleux don de guérison qui fait rapidement sa renommée et invite à penser qu’il est un des disciples de Simon Azalaïs : ce Parfait (un cathare initié) est recherché par l’Inquisition pour être livré au bucher, comme les autres hérétiques. Peu à peu, Guilhem recouvre la mémoire, aidé dans sa tache par Arnault, son frère, et Nita, jadis la femme de son protecteur, mais secrètement éperdument éprise de lui. Après quelques mauvaises surprises et déconvenues, Nita et Guilhem se sont enfin déclarés leur amour. Ils reprennent le chemin d’Aryens, leur village natal. Le jeune homme est toujours animé par l’envie d’en connaitre un peu plus sur son passé, même si de rencontres en rencontres, il sent qu’il est lié aux cathares et à Azalaïs en particulier. Chemin faisant, ils doivent faire halte pour venir en aide à l’un de leurs anciens poursuivants, chargé de les mener au bucher. Sans aucune hésitation, Guilhem exerce son don pour sauver le mourant. Goûtant, ensuite, un peu de repos dans une auberge, leur bonheur est de courte durée : dénoncé par le tenancier, Roché est conduit à Carcassonne pour y être enfermé. Avant de partir, il promet de retrouver bientôt Nita à Aryens… En attendant, c’est Pierre Marty, lui-même cathare embastillé à Carcassonne, qui lui fait des révélations sur son passé. L’homme prétend avoir été présent lorsque Guilhem a reçu d’Azalaïs la Grande Initiation.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 3e tome, Pierre Makyo confirme l’intention d’ancrer sa série au cœur du catharisme pour un livre finalement plus didactique que porté sur le récit d’aventure et d’action. Ainsi ce nouvel – et normalement avant-dernier opus – plante un Guilhem quasi prophétique, totalement habité par sa foi, recouvrant un peu plus encore des éléments de son récent passé pour une leçon historico-ésotérique des us et coutumes des « Parfaits ». Le pire dans l’affaire, c’est qu’on ne pourra jamais accuser l’auteur d’une quelconque duperie : il l’avait pris soin, comme nous le rappelleraient les concepteurs du slogan du Port-salut (« le port-salut, c'est écrit dessus ! »), de l’inscrire en beaux et gros caractères sur la couverture dés l’ouverture de la série. Ainsi, ceux qui croyaient s’être immergés dans une aventure médiévale pur jus, avec pour fil rouge la recherche d’un mystérieux cathare, pour suspens les raisons d’une amnésie, pour magie un don de guérison, et pour romantisme une belle à sauver, ceux-là auront donc vu la série perdre son dynamisme et se débarrasser de ses ressorts dramatiques, pour laisser place à un périple servant aux retrouvailles du héros et de son engagement mystique. Pourquoi pas, après tout. Gageons que l’approche y gagne au moins en originalité, pour une thématique historique rare et méritant sans conteste le détour. Cependant, même de ce coté-ci du scénario, ça ce complique lourdement : que ceux qui ont définitivement compris quelque chose du catharisme grâce à Guilhem Roché lèvent le doigt ! En bref une petite déception née de l’absolue réjouissance procurée par l’exposition de la saga. A l’inverse, le dessin est toujours un régal pour les yeux : cadrage, précision du détail, lumière, mise en couleurs font tout de même de cette lecture un moment agréable et savoureux.